Comme vous ne le savez peut-être pas, je suis une fan des films de Bollywood et ce depuis longtemps, même si je n’ai plus l’occasion d’en voir si souvent. A l’époque où le genre intéressait le public français, j’avais vu sur grand écran « Lagaan » (2001) racontant un match de cricket épique, « La famille indienne » mettant en scène la grande star Shahrukh Khan (2001) ou « Devdas » (2002), sur fond d’histoire d’amour déchirante, pour n’en citer que quelques uns, qui faisaient l’objet d’une programmation dans les salles obscures dans les années 2000, ce qui n’est plus le cas aujourd’hui, la mode étant sûrement passée…
Ce sont des films à part, avec leurs codes. Ils tirent leur nom de la ville de Bombay, où ils sont traditionnellement produits (aujourd’hui, Mumbai). Ce sont en général de longues fresques (entre deux et trois heures), souvent en forme d’épopées, comme nous allons le voir, qui mêlent chants et danses à l’intrigue. Si elles sont généralement centrées sur des histoires de sentiments amoureux ou familiaux, elles ont parfois pour contexte des problèmes de société ou des sujets d’actualité comme « Mission Kashmir » (2000) qui aborde sans détour le conflit du Cachemire. C’est également le cas ici, le film ayant pour toile de fond l’antagonisme qui existe entre Pakistan et Inde (1).
Munni, une petite fille pakistanaise, muette, se perd lors d’un voyage en Inde. Sa route va croiser celle de Pawan Kumari, un Indien qui va l’aider à retrouver ses parents, surmontant pour cela de nombreux obstacles. Bien sûr, l’intrigue comprend une histoire d’amour avec une belle jeune fille, qu’il retrouvera à la fin.
Comme dans les autres oeuvres Bollywood, tout n’est que transfiguration du réel. Du récit historique, d’abord ; quel que soit le conflit envisagé, tout finit bien (à l’instar des histoires personnelles présentées dans ces films) : les Anglais et Américains finissent par adopter les Indiens comme amis et pairs, ici Indiens et Pakistanais font tomber la frontière entre leurs peuples. Transfiguration de l’image ensuite : ici, les champs et maisons du Pakistan font penser à la Suisse (si, si !), tout est propre, ordonné et comme magnifié par la lumière. C’est un monde idéal que dépeint ce film, et tous les autres d’ailleurs. Transfiguration des personnages enfin : il faut voir l’importance que les acteurs de Bollywood donnent à leur plastique, à commencer par les Miss Univers reconverties (Aishwarya Rai, Sushmita Sen, Diana Hayden et Yukta Mookhey).
(et je ne résiste pas à les inclure dans l’article, qui, vous le constaterez, s’illumine derechef)
(Vous noterez que c’est la même chose avec la petite fille choisie pour jouer Munni, un vrai amour)
Intrigues simples, voire simplistes comme le pensent les détracteurs du genre, étirées en longueur avec des fins souvent très prédictibles, images à l’eau de rose frôlant le kitsch, images presque irréelles, que reste t-il pour sauver le genre ? Et bien un charme impossible à définir, né de la rencontre de toutes ces caractéristiques, qui en font une sorte de conte de fées exotique. Et surtout, et surtout, il y a ces chants et danses, magnifiques, plein d’une grâce bien spécifique et extrêmement entraînants.
Bref, pour moi, c’est du cinéma vitamine C, qui enlumine tout ; je pense que c’est ainsi que les Indiens transposent la notion d’évasion que nous aimons accoler à certaines de nos productions. Et c’est bien réussi !
FB
Et pour finir voilà de la musique Bollywood tendance actuelle (avec les magnifiques Hrithik Roshan et Katrina Kaif (tiré du film « Bang bang » sorti en 2014)
(1) Il est également intéressant de noter l’importance que revêtent l’Angleterre et les Etats-Unis ; nous suivons les héros de ces histoires partir dans ces pays pour y faire leurs études ou en revenir pour exercer leur profession en Inde (par exemple dans « Swades » sorti en 2005 où Shahrukh Khan joue un ingénieur qui s’installe dans un petit village au retour des U.S.A.)