Cinémas – Christopher MAC QUARRIE : Mission impossible, rogue nation (2015)

Là on sent déjà l'action...

Là on sent déjà l’action…

Comme me disait récemment une amie, nous sommes actuellement pour les livres et les films dans une mode des suites, des séries, comme si nous voulions, pour nous rassurer basculer dans quelque chose d’un peu nouveau mais de pas totalement inconnu. C’est le cas pour certains écrivains français à grand succès, qui ne font que refaire le même livre, publication après publication (je ne citerai personne, ce blog n’est pas assez célèbre, ni moi d’ailleurs, pour nous permettre d’affronter un procès ;-). Et comme cette aspiration de fidélité rencontre celle de nos paresseux auteurs (dans le cinéma, je dirai plutôt les producteurs), pour qui quelque chose qui marche c’est quelque chose qu’il faut refaire, pour récolter de l’argent, nous avons droit à des suites pour tous les films blockbusters qui fonctionnent, et des saisons qui s’enchaînent pour les séries qui font audience.

Ce phénomène ne donne pas que de mauvais résultats ; « Alien » en est un bon exemple, de même que « Die hard », à l’exception du dernier, de mon point de vue (1) ou « Batman » pour en citer encore un. Et c’est également le cas pour « Mission impossible » où depuis 1996, Tom Cruise à la barre, les aventures de ces agents spéciaux américains ne cessent de nous tenir en haleine.

Dire que c’est un film d’aventure et d’action semble une évidence ; nous avons droit à de spectaculaires scènes de poursuite en moto (mention spéciale de ma part), en voiture, en avion ou à la course (ne manque plus que le skate ou la trottinette, mais avouez que cela aurait moins de gueule 😉 ), une angoissante plongée dans une unité centrale immergée et des morts comme s’il en pleuvait (2). Et puis nous parcourons le monde, de l’Autriche au Maroc, en passant par l’Angleterre, tout cela dans de magnifiques lieux, belles voitures, luxe garanti. Tout cela est bien plaisant, mais ne serait pas grand chose sans le reste (nous avons parfois assisté au naufrage de millions de dollars de décors et costumes, engloutis dans une indigence de scénario).

Car le film est d’abord porté par Tom Cruise, excellent, habité, qui arrive à ne pas en faire trop mais à en faire assez pour rendre son personnage de super-héros crédible. L’autre bonne idée est de lui opposer/associer une jeune femme (superbement jouée par Rebecca Ferguson, presque inconnue), qui est son double pour ce qui est des capacités physiques ou de l’intelligence des situations ; aussi indépendante que lui, elle essaye à son instar de se défaire des différents pièges dans lesquels les ont placés les Bons et les Méchants.

C’est une autre bonne idée du film, de jouer sur le trouble, et cela nous est annoncé par le titre (« rogue » veut dire « hors-la-loi »). Rien n’est ce qu’il paraît être ici, une nouveauté par rapport à la manière de penser les choses dans le cinéma américain populaire classique, qui tranche entre blanc et noir en une dichotomie sans appel. Si Ethan Hunt et Isla Faust sont dans une telle connivence, c’est parce qu’ils sont instrumentalisés dans un système de pouvoir, où l’on ne sait plus qui est qui. Et nous pensons qu’eux-mêmes doutent l’un de l’autre…

Nous apprécions également le ton adopté ici, peu de pathos (ouf !) et beaucoup d’humour.

Enfin, je dirais que pour ceux qui n’aiment pas les films d’action, mais sont des fans de BMW (bien que je ne sois pas sûre que ce soit dissociable), que nous avons parfois l’impression d’assister à un clip en hommage à la marque. Avec deux précisions pour les adeptes :
1/ Définitivement, la berline BMW n’est pas adaptée aux rues des souks marocains, préférez la version moto
2/ Les méchants ont fait le mauvais choix pour ce film, la Mercedes-Benz, cela ne marche pas…

Bon divertissement, à recommander.

FB

(1) Alien, premier opus en 1979 sous la direction de Ridley Scott, plusieurs suites dont une de Jean-Pierre Jeunet et une de James Cameron.
Die Hard, trois films proches dans le temps de John Mac Tiernan et Renny Harling (1988-1995) et deux suites plus tardives, 2007 et 2013
Batman, films de Tim Burton (1989 et 1992), avec d’innombrables suites, dont le remarquable « The dark knight » en 2008 par Christopher Nolan
(2) Je tiens à remercier le réalisateur d’avoir à ce point stylisé la violence, ce qui me permet de voir le film.