A moins de deux heures de train de la capitale française, une ville qui vaut le détour. En préambule, commencez par voyager dans ces confortables et intimes trains express régionaux (TER) , c’est un peu comme être hors du temps, s’arracher au rythme de la grande ville, pour voir tranquillement, comme une vache inversée ;-), défiler les paysages, se densifier les forêts et le paysage devenir agreste. Une belle lumière, parfois voilée, parfois transparente, nous accompagnait lors de notre périple ce jour-là.
Et puis l’arrivée, au pied de cette butte immense (du moins elle le paraît quand il faut gravir les centaines de marches qui mènent au centre ville), où se profile déjà le joyau que nous sommes venus voir, la cathédrale, pointant ses tours élancées au milieu de la verdure.
Laon est une ville d’histoire, où peuvent se voir les strates du temps qui passent, miraculeusement épargnée par les conflits qui l’a cernée au fil des époques (Empire, Guerre de 1870 et Première Guerre Mondiale), point Est de cette grande plaine faite de Somme, d’Aisne et d’Oise, voie royale vers la capitale française pour des envahisseurs étrangers (1). C’est un des points forts de son vécu, les librairies touristiques regorgent de guides des champs de bataille alentour, les monuments aux morts et autres plaques commémoratives jalonnent le parcours du promeneur, le Champ des Dames est ici plus qu’une citation dans un livre d’histoire (2).
Du Moyen-Age, la ville gagne le statut d’Evéché (grâce à Saint-Rémi, célèbre Evêque de Reims au Ve siècle, qui baptisa Clovis), devient un lieu de résidence des rois Carolingiens (3) et prospère jusqu’à compter 10 000 habitants dès le XIe siècle. Aujourd’hui ce sont 25 000 personnes qui peuplent la ville, soit une croissance plus que modérée qui a préservé l’unité pré-industrielle de la ville, en une belle harmonie faite de remarquables bâtiments construits pour la plupart avant 1800, que nous allons découvrir au gré de nos errances touristiques.
Immanquable, telle un berger dont les maisons et édifices, qui se déploient en épousant les courbes de la butte qu’elle domine, seraient le troupeau, la Cathédrale Notre-Dame (construction 1150-1180), élancée vers le ciel telle une prière en dentelle de pierre. Nous la visiterons avec une guide vraiment intéressante, ce qui nous permettra de grimper dans les tours (encore plus de deux cent marches…) pour admirer les stupéfiantes gargouilles et la région avoisinante étendue au pied de la colline. Dans ce rêve d’Homme devenu architecture, à l’élévation inconcevable à l’époque (24 mètres de haut sous la nef), nous restons saisis de beauté.
Le reste de la ville dévoilera d’autres magnificences, abbayes, Hôtel-Dieu, belles demeures, dans une promenade pleine d’un charme désuet et intemporel à la fois. Nous flirtons avec un passé qui nous transcende, nous enveloppe de toute sa nostalgie fière et superbe.
Une très belle promenade, dans cette région délaissée à tort par le tourisme.
FB
(1) La cathédrale a quand même perdu tous les vitraux de son bas-côté droit, de par l’explosion d’une poudrière en 1870 à quelques kilomètres de là.
(2) Cette voie de circulation aurait été empierrée pour les filles du roi Louis XV pour se rendre au Château de La Bove, d’où son nom. C’est une voie stratégique qui a vu maintes batailles, César contre les Belges au Ier siècle avant J.C., les guerres napoléoniennes au début du XIXe siècle, et surtout lors de la Première Guerre Mondiale, où il gagne sa réputation sinistre suite à une offensive malheureuse du Général Nivelle, qui fait a minima 200 000 morts français en deux mois.
(3) Dynastie de rois de France, qui régna de 751 (Pépin le Bref) à 987 (Louis V) et comprend le prestigieux Charlemagne.