Cinémas – Blake Edwards : Boire et déboires (1987)

boire déboires 1

Ne vous fiez pas à l’affiche, elle est juste d’époque !

Pas besoin de présenter Blake Edwards, cinéaste américain auteur de nombreuses comédies savoureuses, dont l’excellente « The party » (1968). Presque vingt ans après, il réalise ce petit bijou en forme de film romantique déjanté.

Le scénario s’appuie sur une idée simple et géniale dans le développement que va en donner le réalisateur. Walter, golden boy célibataire, doit trouver une femme pour l’accompagner à un dîner donné par son patron en l’honneur d’un important client japonais. Pris de court, il accepte l’offre de son frère et invite Nadia qui s’avère être une magnifique jeune femme. Mais il y a un hic, et il est de taille, elle ne doit pas boire d’alcool. Tombé sous son charme, Walter oublie cette précaution et lui offre du champagne… Et c’est parti !

Nous allons ensuite assister à un film jubilatoire construit en deux temps. La première partie nous décrit la soirée, avec toutes ses péripéties, comme une montée en puissance dans le burlesque le plus absolu – nous pensons au déjà cité « The party », bien sûr, mais aussi à « After hours » de Martin Scorsese, réalisé à la même époque (1985). C’est comme une réaction en chaîne non maîtrisée, où tout s’affole pour contribuer à la destruction de l’univers de Walter (1). Le second épisode, au contraire du premier, vagabond, se passe dans un lieu unique, la maison des parents de l’homme que Nadia doit épouser. Walter, bien décidé à la reconquérir, fait irruption dans cette riche propriété et sème le désordre. Après la démesure de la première période, nous sommes ici dans un comique plus mesuré, fait de courses poursuites à travers cette grande maison, de portes qui claquent, de personnages qui se croisent sans se rencontrer, dans la plus grande tradition du cinéma muet et du slapstick (Buster Keaton n’est pas loin). Blake Edwards a un don particulier pour le tempo humoristique, sachant faire jaillir l’absurde de situations presque quotidiennes et de personnages juste un tout petit peu exagérés (la mère du prétendant qui joue au golf jusque dans sa chambre à coucher, le majordome qui montre ses fesses au chien pour le calmer, le mari flegmatique et absent en toute occasion…). Tout se passe comme si Walter était le seul personnage que nous pourrions qualifier de normal, tous les autres nous donnant à voir un surprenant étalage de bizarreries, qui culmine avec le prétendant, psychiatre et psychopathe à la fois.

Il est vraiment réjouissant de suivre ces aventures loufoques, portées par une interprétation excellente, Bruce Willis à son meilleur, la superbe Kim Basinger et le désopilant John Larroquette dans le rôle du psychiatre.

A voir absolument

FB

(1) L’expression « coup de foudre » prend ici tout son sens 😉