Cinémas – Christopher NOLAN : Interstellar (2014)

interstellar

De ce cinéaste versé dans la science-fiction, voilà le dernier opus fleuve (près de trois heures), qui est un objet hybride, enfant spirituel de « Gravity » (Alfonso Cuaron, 2013), de « The tree of life » (Terrence Malick, 2011) et également de « Source code » (Duncan Jones, 2011) et « Inception » (Christopher Nolan, 2010). Il y a également un air de « Cloud atlas »(Lana Wachowski et Tom Tykwer, 2012).

Du premier, il emprunte les spectaculaires prises de vue dans l’espace et la parfaite gestion du suspense des scènes d’action qui s’y déroulent : remplacez George Clooney et Sandra Bullock par Anne Hathaway et Matthew Mac Conaughey et vous y êtes. Il s’affilie au film de Terrence Malick par la description d’une histoire familiale, relations entre enfants et père ainsi que par tout un contexte sur l’espèce humaine (plus évident ici que chez Malick). Il revient également, à l’instar de ce qu’il a déjà fait dans « Inception » (mais également dans le film qui l’a mené au succès à trente ans à peine, « Memento ») ou de ce que Duncan Jones a mis si brillamment en images dans « Source code » (voir article sur le blog), le paradoxe temporel, d’une manière fort intéressante, il faut le dire (1). Enfin, il s’apparente également au (fort médiocre) « Cloud atlas« , par le côté patchwork des histoires juxtaposées en forme de saga moderne, qui en fait quelque part comme un film de collage.

Un paysan, Cooper, père veuf de deux enfants, Murph et Tom, gère une ferme avec l’aide de son beau-père, Donald, dans un Middle West pré-apocalyptique, traversé de tempêtes de poussière et à l’agriculture en plein dépérissement. Des signes bizarres dans sa maison vont l’amener, lui et sa fille, à être impliqués dans un programme spatial lié à la survie de l’espèce humaine, qui doit quitter cette Terre mourante. Je n’en dirais pas plus, vous me connaissez…

Que dire de cet objet hybride, je ne sais. Je suis très partagée…

A son actif, je citerai l’exploitation virtuose du paradoxe temporel (notamment sur la première planète), une longueur de film qui ne pèse – presque- pas – et une manière très intéressante de mélanger les signes du « blockbuster » américain avec autre chose de plus réel et humain. Il faut également rendre hommage à la direction d’acteurs : pas facile de diriger dans le même film Matthew Mac Conaughey, Anne Hathaway, Matt Damon, Jessica Chastain, Michael Caine et Casey Affleck, pour ne parler que des plus connus. Et ils sont tous excellents dans le rôle qui leur est imparti. Se dégage également des scènes plus intimes une douceur assez belle. Enfin, il faut saluer ce film comme une tentative pour faire prendre conscience au public (notamment américain) de l’épuisement de notre bonne vieille mère Terre, sous les coups de boutoir de la société de consommation ; s’il y parvient, même un peu, ce sera un film parfaitement utile.

A charge, une certaine lourdeur démonstrative, comme nous l’avions déjà vu à l’oeuvre dans « Inception« , appuyée sur des dialogues simili-philosophiques, verbeux et souvent sans intérêt. Et la difficulté pour le cinéaste à ajuster les différents registres de propos, notamment celui de l’histoire familiale pleine d’intimité et de sentiments avec les scènes d’aventures spatiales ; ce qui nous donne l’impression parfois d’être dans deux films différents.

Donc, je vous laisse seul juge

FB

(1) Je parle ici en parfaite béotienne, je pense qu’un astrophysicien y trouverait largement à redire…