Cinéma – Christophe GANS : La belle et la bête (2013)

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L’histoire de « la Belle et la Bête » fait partie de notre patrimoine onirique et, à l’instar des autres contes de fées célèbres, a fait l’objet de maintes adaptations cinématographiques, dont la plus célèbre (en France a minima) est celle de Jean Cocteau en 1946 avec Jean Marais et Josette Day dans les rôles titres.

En 2014, Christophe Gans, à qui l’on doit entre autres le (très raté d’après moi) « Pacte des loups » en 2001, relève le défi d’une nouvelle lecture du conte, convoquant des acteurs attractifs, Vincent Cassel et Léa Seydoux.

Que dire de ce film ? Je suis mitigée. Je suis allée le voir après avoir entendu des critiques négatives, et encore dans le souvenir du « Pacte des loups », mais bon, vous savez, un dimanche après-midi avec pas grand chose de prévu et puis il faut reprendre le boulot le lendemain, etc., etc. J’en suis sortie avec une idée plus nuancée que ce que j’avais pu entendre.

Chapeau bas, tout d’abord, devant les décors et costumes, absolument magnifiques et adaptés. Les robes successives de la Belle (blanche, verte, bleue puis rouge) feraient pâlir d’envie Peau d’âne, le château est inquiétant et féerique à souhait avec ses compromis de nature et raffinement, les lumières, très travaillées, sculptent protagonistes et paysages avec une grande délicatesse. Tout cela est fort bien fait et ravit notre âme d’enfant, pas si lointaine que cela. Nous passons un moment magique devant cet univers enchanté (pour ma part, j’adore le festin sans cesse renouvelé avec ses cohortes de poulets, pâtés, langoustes et fruits à foison).

Il faut également citer quelques belles idées de synopsis et de mise en scène, comme cette première femme de la Bête, nymphe des bois, tuée avec une flèche d’or et qui repose dans un arbre mystérieux. Ou alors cette eau parsemée de paillettes d’or, aux pouvoirs de guérison. J’ai peut-être plus de réserve pour ces géants soi-disant de pierre qui se dressent face aux agresseurs à la fin du film (le carton pâte n’est pas loin et l’épisode n’apporte vraiment pas grand chose).

Pour autant, il manque vraiment quelque chose. Serait-ce l’âme ? A force d’attention portée au contexte, il ne reste pas grand chose pour le reste. Les protagonistes restent extérieurs les uns aux autres, il ne passe rien entre la Belle et la Bête, ou si peu, malgré les multiples pistes ouvertes par le cinéaste vers d’autres possibles. Prise au piège dans son admiration pour décors et costumes, l’équipe du film perd de vue l’essentiel, l’histoire d’apprivoisement progressif de ces deux personnages décalés dans leurs univers respectifs. Léa Seydoux et Vincent Cassel, pourtant fort bons par ailleurs, sont réduits à la plus simple expression. C’est bien dommage et renforce pour moi l’idée selon laquelle, lorsque les réalisateurs disposent d’un budget leur permettant  de tout miser sur les effets spéciaux (ici plus de 30 millions d’euros), ils peuvent perdre de vue l’essentiel, à savoir l’histoire et l’émotion.

Donc je ne sais si je recommande.

FB

En addendum, quelques Belles et Bêtes, à vous de choisir !

Cocteau, l'irremplaçable

Cocteau, l’irremplaçable

Revus par Disney

Animé par Disney

En forme de série américaine

En forme de série américaine

Revu par Broadway

Revu par Broadway