Ce soir, j’ai envie de vous parler d’émotion, ou plutôt de partager les miennes. Elles sont musicales, en ce moment ; j’aurais pu évoquer Bela Bartok dont je ne me lasse pas de la « Musique pour cordes, percussions et célesta », que je vous invite à écouter et qui me touche beaucoup (saviez-vous que le 3e mouvement avait été utilisé par Stanley Kubrick, magnifique connaisseur de musiques, dans le film « The Shining » ?). Mais non, je pars dans une voie très différente, en évoquant « Goldfrapp« , groupe anglais dont je viens d’acquérir le dernier album, magnifique, « Tales of us« . Aucun rapport, me direz-vous, et vous aurez peut-être raison et peut-être pas. Comme dit une de mes amies, 😉 F qui se reconnaîtra, il n’y a que deux sortes de musiques, la bonne et la mauvaise.
Cette petite formation de pop électronique que je suis depuis l’origine, repose sur deux personnalités, Alison Goldfrapp et Will Gregory. Nous connaissons surtout la première, chanteuse excentrique et atypique (il se dit qu’elle aurait insulté des journalistes lors d’un concert). Lui est plus discret, même sur les photos. C’est un peu leur marque de fabrique, la distance à la mondanité, comme d’ailleurs beaucoup de groupes et chanteurs anglais, à la différence de leurs homologues américains. Loin des médias et de la nécessité incessante de réussir, ces formations musicales peuvent tracer leur sillon plus facilement. Et développer leur créativité propre, sans peur du box-office.
Car c’est un groupe créatif, à l’instar des autres joyaux que nous a offert le mouvement pop anglais, et qui a su se renouveler sans perdre son âme, ce qui n’est pas simple. Après leur premier disque, électro-pop, il flirte avec le trip-hop et le disco (soft !) dans les albums suivants, pour revenir, dans ce sixième album (en treize ans, nous ne sommes pas dans du rendement pour le rendement et tant mieux) à leurs origines.
Si j’aime beaucoup leurs morceaux presque dance music (Train, Oh la la, par exemple), j’ai gardé une affection toute particulière pour les ballades dont ils émaillent leurs albums, et qui constituent la totalité du dernier. Entourées de synthétiseurs (Hairy tree, Utopia,…) ou d’une grande simplicité (le dernier album), elles laissent la voix envoûtante d’Alison Goldfrapp prendre toute ses nuances, dans une atmosphère dépouillée bien que très sophistiquée.
Cette musique me bouleverse… Onirique, sensuelle, elle insinue sa simplicité dans notre esprit, comme une évidence. Je ne pense pas que l’on puisse se lasser (si on aime). C’est une beauté faite de nature (Alison Goldfrapp poste des photos qui ressemblent à sa musique sur Facebook), de contes de fées, de souvenirs lointains, de royaumes perdus, d’où la mélancolie sereine qui transparaît autour d’un monde presque disparu et réinventé sans cesse. C’est une musique ciselée autour d’une nostalgie qui nous submerge.
Le dernier album va plus loin dans l’intimité, quand il attribue à chaque chanson un prénom (Jo, Annabel, Clay, Thea et ce magnifique Stranger qui s’insère au milieu). C’est une proximité que je leur reconnais bien volontiers.
Vous aurez compris que je suis très sensible à cette musique et que je vous la recommande.
FB
D’abord les « tubes »
Oh la la
Train
Ride a white horse
Et puis les plus intimistes
Utopia
Drew (du dernier album)