Musique : Depeche Mode (1979- )

depeche mode

Nommé d’après un magazine de mode français éponyme, ce groupe a vu le jour en 1979 en Angleterre. On pourrait s’interroger sur le fait que les grandes tendances musicales sont quasiment toujours nées outre-Manche dans les dernières décennies, avec une inventivité et un renouvellement inégalés (je parle pour l’Occident, je ne me permettrai pas de porter un jugement sur la musique océanienne ou indienne par exemple) : The Beatles, The Rolling Stones, The Kinks ou plus près de nous, dans ceux que je connais, Police, Kate Bush, U2, Massive Attack, Morcheeba, Blur ou Goldfrapp. Tous ces groupes qui émergent avec un son nouveau, assumant l’héritage (lourd) de leurs aînés pour le traduire en autre chose.

Au milieu de cette abondance musicale, j’ai choisi de parler de Depeche Mode, qui a beaucoup compté dans la musique pop. Je n’ai pas la prétention de faire un article de très haut niveau, manquant sûrement de la culture musicale des critiques actuels, mon ambition étant seulement de vous faire partager mon engouement pour cette formation.

Je laisse volontairement de côté la première époque, quand Vince Clarke fait partie du groupe, qu’il quitte rapidement pour fonder « Yazoo » (adolescente déjà, j’ai eu beaucoup de mal à m’agiter sur leur single furieux « Don’t go »). A partir de là, les synthétiseurs énervés, qui saturent la musique font progressivement place à des morceaux plus posés et plus travaillés. A partir de « Black celebration » (1986), Depeche Mode construit un style électro-pop qu’il affine d’album en album et se fait une identité particulière et très reconnaissable dans le monde musical.

Je suis passé à côté de cette musique dans ma jeunesse et je viens de la redécouvrir. Tellement fascinée que j’ai acquis les albums les uns après les autres, les fouaillant, les passant au crible. Les mélodies ont au premier abord l’air simples (essayez d’en fredonner une et vous constaterez à la fois leur évidence et leur manque de consistance). La magie, le truc qui vous accroche, est ailleurs. Il provient de l’instrumentation, très réfléchie, basée sur l’utilisation de synthétiseurs, auxquels vient s’ajouter, plus tard dans la chronologie, la guitare, mais sur un mode périphérique. Tout se passe comme si, autour d’un structure simple le groupe assemblait des mélodies instrumentales mesurées à l’instant près, qui viennent s’agréger pour former une architecture complexe (un peu comme dans les films pédagogiques sur la science, où l’on vous montre d’abord la structure de base, et puis, au gré des explications, d’autres structures viennent compléter la première pour la rendre complexe). Il en résulte des morceaux fort travaillés, qu’il faut écouter et ré-écouter pour en saisir toutes les nuances. Et dont on ne se lasse pas…

Le style du groupe, comme dit plus haut, est électro-pop, tendance née dans les années 1980, qui désigne des formations utilisant majoritairement des synthétiseurs pour produire de la musique pop. Depeche Mode est à classer dans cette catégorie, certes, mais à ne pas enfermer dedans. Leur musique, qui peut paraître froide et cérébrale (parce que très pensée), ne cesse de muter, recyclant un grand nombre de tendances musicales, du jazz au rock, en passant par le blues, tout en mélangeant ces genres pour en faire autre chose.

Une dernière chose que je voudrais souligner, c’est l’aspect visionnaire du groupe sur le phénomène des « remix ». Il a contrôlé dès le départ la création de nouvelles versions « remix » de ses morceaux, bien avant des phénomènes commerciaux comme Madonna ou autres. Ces expériences s’inscrivaient dans son parcours et n’étaient pas des à-côtés commerciaux.

Bref, je ne peux que vous engager à écouter, vous aurez peut-être ensuite, comme moi, du mal à trouver dans les productions actuelles de même type, des groupes qui sortent du lot.

A (re-)découvrir d’urgence

FB

Quelques illustrations de tendances dans certains morceaux (à compléter)
Cold wave/punk : Nothing’s impossible, Miles away, Perfect
Rock « heavy » (tendance hard rock) : I feel you, In chains, Personal Jesus (repris par Marylin Manson)
Rock : Barrel of a gun
Rockabilly/rock classique : John the revelator, Lilian
Gospel : Condemnation, Get right with me
Jazz : Jazz thieves
Musique celte : Judas
Musique symphonique : One caress
Funk : I feel loved, In sympathy

Leur site : http://countdown.depechemode.com/