Peintre espagnol du XIXe siècle, Ignacio Pinazo Camarlench complète ma chronique sur les peintres de la même époque injustement méconnus (voir articles du blog sur Monticelli et sur Menzel). Je l’ai découvert à Valence, ville où il a passé son existence et où il est une gloire locale. L’exposition était consacrée au portrait d’enfant (« El retrato infantil », 2007, Institut Valencià d’Art modern) et c’est sur cet aspect que je voudrais m’apesantir ici.
Pinazo a une peinture intimiste et aborde principalement des sujets quotidiens, paysage, portrait, intérieur. Il se distingue pourtant des autres peintres par ses nombreux portraits d’enfants (les siens). La majorité des peintres, à partir du moins du XIXe siècle, représentent çà et là leur famille sur la toile. Pinazo en fait un de ses sujets majeurs. Il figure encore et encore ses deux fils, Ignacio et José, à tous les âges de leur vie d’enfant. Si je peux me hasarder à une comparaison audacieuse, il utilise ses pinceaux comme un père de maintenant cet outil immédiat qu’est le camescope. Je m’arrêterai là dans le parallèle que je ne veux qu’amorcer, car une toile de Pinazo vaut tous les films amateurs des enfants des autres que vous pourrez voir 😉
Ces peintures, intemporelles, montrent de jeunes enfants, des bébés, dans toute leur fraîcheur. Le peintre a du génie pour saisir leurs mouvements juvéniles, les courbes de leurs traits, dans toute leur réalité. Aidé par un talent de dessinateur très sûr (que l’on peut voir dans ses esquisses et dessins), il architecture la toile et restitue le mouvement et l’expression d’une manière naturelle, sans emphase. Les enfants sont saisis dans leur vie quotidienne. Mais ils sont aussi transfigurés, comme exaltés, ils rayonnent d’un éclat particulier. Je ne peux m’empêcher de penser que c’est l’amour d’un père que nous voyons là, un père qui s’extasie sur la beauté d’un petit pied, d’une main qui se tend, de la douceur d’une peau dorée de soleil. Et c’est cela qui nous rend ces enfants si universels.
FB
Et pour compléter…