Cela fait très longtemps que je n’ai pas lu de pièce d’Anouilh et je n’en avais jamais vue portée en scène. Dimanche a été l’occasion de renouer avec cet écrivain, dont je gardais un souvenir de légèreté un peu absurde et un peu triste. Avec une pointe de cocasserie.
C’est ce que j’ai retouvé au théatre des Variétés. Une pièce à l’argument irrésistible (une famille d’aristocrates, après une révolution, est sauvée de l’exécution à la condition de représenter chaque jour devant « le Peuple » leurs scènes de la vie quotidienne, dans un « Musée du Peuple »). Mais il y avait autre chose, au-delà du rire, de l’ordre d’une profonde conscience politique. Les aristocrates apparaissent dès le début ridicules, engoncés dans leur oisiveté et leur méconnaissance des autres, ne produisant rien, ni bien matériel utile (sauf le tricot de Tante Mina !), ni pensée. Pendant un certain temps, la pièce laisse planer un parti-pris favorable aux révolutionnaires qui se sont libérés du joug de ces « parasites ». Et puis les choses se modifient peu à peu. Les révolutionnaires sont gagnés par le ridicule, avec leur dialectique (très marxiste, en vérité), leurs idéaux dogmatiques et caricaturaux. Et enfin, l’humanité ré-apparaît derrière les étiquettes, lentement, pour laisser s’épanouir l’amour, la générosité et l’espoir d’un autrement débarassé des idéologies. En cela c’est une pièce politique universelle.
Quelques belles idées de mise en scène, une troupe enthousiaste (qui vous invite à les rejoindre au foyer après la représentation), parfois manquant peut-être de nuance.
Une belle découverte.
FB