Voilà une de mes premières pérégrinations dans la capitale, à l’orée de 2021, quand j’explorais encore les abords de mon foyer (je loge près de Wangfujing). Abandonnant les larges avenues qui bordent les centres commerciaux, j’ai pris la tangente vers la gauche pour visiter la maison de cet écrivain renommé.
Disons quelque chose de son histoire. Lao She (老舍) – nom de plume – né en 1899, est mort pendant la Révolution Culturelle en 1966. Son histoire est hantée par les heurts avec l’étranger et les guerres. Son père, garde du Palais Impérial de Pékin meurt en 1900 sous l’assaut des puissances étrangères pendant la révolte des boxers. Lui-même part enseigner en Angleterre entre 1924 et 1929. De retour en Chine, à la fois enseignant et écrivain, il doit affronter la guerre sino-japonaise de 1937 à 1945, qui lui inspire un magnifique roman sur les conséquences de la guerre à Pékin (que je ne peux que recommander) « Quatre générations sous le même toit » (1949). Le 23 août 1966, il est plus que sévèrement molesté par les gardes rouges, battu, rasé… Le lendemain il sera retrouvé noyé dans un lac de Pékin (bien que cette version ne soit pas reconnue par tous, car il est quand même gênant qu’un écrivain de ce niveau se soit suicidé suite aux sévères brimades de quelques jeunes déchaînés). Lire les oeuvres de ce genre d’hommes est un vrai acte de solidarité, qui les fait survivre à leurs morts inadmissibles.
Il est donc très touchant d’aller voir la maison de cet homme, comme pour lui rendre une dernière visite et lui dire que son oeuvre survit dans nos mémoires.
L’entrée est assez confidentielle, et les gardes présents ce jour-là ne s’attendaient sûrement pas à voir arriver un étranger. Après un moment de suspicion (j’ai compris que cela tournait autour d’une réservation à l’avance, sûrement un obstacle de plus improvisé sur le moment pour me repousser), un des gardes a eu pitié de ma langue chinoise inexistante et m’a laissée entrer (avec health kit à l’appui, bien sûr !).
C’est une maison modeste, ne vous faites pas d’idée, juste quelques pièces agencées, qui finalement nous disent beaucoup plus d’humanité que les grands palais.

Certaines des pièces ont été transformées en lieux d’exposition (mais de mémoire, tout en chinois).



Une déambulation qui m’a beaucoup émue.
FB
Promenade mémorielle et littéraire enclre très agréable et instructive. Je ne connaissais pas cet auteur, encore moins sa fin tragique.
Merci encore.