Au centre de la ville, adossé à de très neufs buildings, dans la boucle d’un échangeur très complexe, dans lequel j’ai failli me perdre en vélo (et oui, vous pouvez ici arpenter le bord des voies rapides en vélo, même en souterrain, il y a toujours une voie pour les deux/trois roues), j’ai trouvé cet ancien ensemble, perdu au milieu de la grande ville.

C’est ici que l’Empereur observait les étoiles, car en tant que « Fils du ciel », il se devait de connaître tout ce qui se passait dans l’étendue céleste. Bâti au XVe siècle, l’observatoire domine la ville et comprend des instruments du XVIIe siècle, élaborés par les Jésuites qui étaient à l’époque très savants dans ce domaine (je vous rassure, ce sont des copies, nous sommes en Chine…).
Une ascension dans la pierre rude et grise nous amène vers la plate-forme qui servait de lieu d’observation nocturne.
Me voilà rendue sur le toit du monde, dans les pas des Empereurs des temps ancien, au milieu de ce bleu d’azur presque cobalt qui nous entourait ce jour-là, pour découvrir ces pièces d’instrumentation, quadrant, astrolabe, globe céleste, qui dressaient leurs structures haut dans le ciel.
C’est un des plus anciens observatoires du monde, la Chine est un pays précurseur dans le domaine de l’astronomie et le pays en a fait un de ses piliers de philosophie, notamment au travers des signes du zodiaque. Presque quatre siècles d’observation du ciel, presque en continu, ce que l’on connaît peu en Occident. Jean-Marc Bonnet-Bidault, astrophysicien au CEA (appelé maintenant Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives), auteur de « 4000 ans d’astronomie chinoise : les officiers célestes » (2017) a rendu hommage à la minutie de cette veille, qui permet aujourd’hui de retrouver dans l’espace des phénomènes observées depuis des milliers d’année par les astronomes chinois.
Malgré cette tradition ancestrale, le site est maintenant hors d’usage et enserré dans cette ville qui grandit et a d’autres préoccupations. Et il reste néanmoins merveilleux (et incongru à la fois dans son environnement).





Au pied de l’observatoire s’ouvre un jardin où d’autres instruments mystérieux se mêlent à la nature. Des dragons de métal, menaçants en soi, mais que les arbres et fleurs qui reviennent à la vie ne prennent pas au sérieux.


Tout au plus, ils leur font une place, dans cette splendeur du printemps qui déroule son impétuosité urgente. Ils se vengeront l’hiver venu, certes, quand ils resteront immuables face aux éléments qui feront ployer la nature alentour.




C’est ici que j’ai vu la fin des pivoines, ces fleurs de velours qui durent si peu. De boules rouges ou blanches, elles se convertissent en quelques jours en fleurs éployées au bord de la disparition. Je les adore et aimerai qu’elles puissent vivre plus longtemps…


Un moment de beauté capté dans l’agitation de cette ville où rien ne s’arrête jamais…
FB
C’est magnifique . Maintenant j’ai hâte de voir Pekin avec toi comme guide et en vélo
Quelle excellente observatrice 🙂 merci pour ces découvertes. Mon jardin d’enfance était plein de fleurs, certaines très anciennes, comme la maison. J’aimais – j’aime les pivoines en boutons ronds, certaines fort parfumées.
Beau printemps 🙂
La tête dans les pivoines et les étoiles à l’horizon, très joli programme qui nous régale.