Bien sûr, quand on pense à Pékin, du moins depuis la France, une des premières associations d’idée est « pollution », comme quand vous vous imaginez l’Islande, vous pensez « geysers et froid » ou pour l’Italie, « soleil et beau temps ». Toutes ces réputations, ces images pavloviennes qui nous viennent en tête à propos d’autres lieux ne sont pas usurpées, loin de là.
La semaine dernière, c’était 春节 (chun jie), Spring Festival, bref, les vacances du Nouvel An Chinois. Jeudi et vendredi étaient chômés, ainsi que ce lundi. Ce qui me laissait présager de longs périples dans la capitale, à défaut de m’aventurer hors de ses frontières (aucune interdiction, mais obligation d’avoir un test PCR négatif pour rentrer, plus deux autres tests à 7 et 14 jours, avec une forte incitation à ne pas se mêler à des manifestations publiques, soit un arsenal de difficultés que je n’avais pas envie d’affronter).
Mais jeudi, une vague de pollution a fait comme une couverture de gris sur la ville, gommant les contours de tous les édifices, réduisant les arêtes à des angles flous, diminuant la visibilité et piquant la gorge également. Le taux de ppm (partie par million, nombre de molécules polluantes sur un million de molécules) était monté à 347 (à partir de 100, les impacts sur la santé sont avérés).
Pour autant, depuis mon arrivée en septembre, ce n’est que la troisième fois que ce pic est atteint. Nous sommes bien loin des niveaux de la dernière décennie, la Chine a fait bien des efforts. Un de mes amis avec qui je suis allée boire des bières la semaine dernière me disait qu’il avait assisté à des jours à 800 ppm, où vous ne voyez rien que des formes cotonneuses. Je comprends mieux la notion de « fog » anglais, quand au XIXe siècle et au début du XXe les usines tournaient à plein près des villes et que les gens se chauffaient au charbon (ne pas négliger cette source de pollution, elle peut être redoutable). Depuis que je surveille de temps en temps le niveau de pollution dans le monde, je constate que le pays le plus atteint, après la Chine, est sans aucun doute l’Inde (et les pays avoisinants), et en Europe, la France n’a rien à craindre, mais l’Allemagne franchit parfois la ligne rouge (la faute aux centrales thermiques).
J’ai donc évité le vélo (pas tout à fait quand même !) et j’ai attendu des jours meilleurs. Qui n’ont pas tardé à arriver, un vent puissant s’étant mis en tête de balayer la ville. La pollution est descendue à presque rien et la température aussi (de 13°C nous sommes passés en une nuit à -6°C, -9° C ressenti avec le vent). Voilà les alternances de l’hiver ici, vent + atmosphère saine + beau temps + très froid ou pas de vent + pollution + pas froid, un choix délicat !
J’ajoute qu’ici il fait très sec l’hiver, pas plus de trois jours de pluie depuis six mois, d’où un magnifique ciel bleu qui nous escorte presque au quotidien, mais également une sécheresse qui atteint le corps : la peau se fait serpent, les cheveux électriques ; j’ai redécouvert les désagréments de l’électricité statique, de petites décharges bien désagréables quand vous touchez quoi que ce soit de métallique. Et si je peux donner un conseil aux femmes qui me lisent : ici, oubliez votre peau grasse ou mixte (ou vos cheveux du même type) : prenez des crèmes super-hydratantes peaux sèches, il n’y a que cela qui fonctionne ! (c’était le conseil beauté en incise 😉 ).
Je vous livre ci-après des photos prises depuis mon balcon, qui me semblent assez révélatrices. Quand le temps est clair, la portée de vision est de plus de 9 kms, la semaine dernière elle est tombée à 2,5 kms…




Et de jour, ce qui est bien plus spectaculaire.




FB
« la peau se fait serpent, les cheveux électriques », c’est ce qu’on appelle un pays en mutation 😉
Très sympas ces filtres ppm pour les photos. 😁
Encore un article qui m’a régalé. Merci !