Xi’an – Le quartier musulman (2020)

Attraction de la ville, le quartier musulman de Xi’an se trouve au nord de la Tour du tambour. Quand on parle de Musulmans, il s’agit de la population dite « Hui », qui compte vingt millions d’habitants en Chine, principalement dans le Nord-Ouest ; rien ne les distingue à première vue des Chinois, sauf leur coiffure, les femmes portant des fichus colorés (qui ne cachent pas l’intégralité des cheveux) et les hommes un calot blanc le plus souvent.

Tout le monde m’avait dit d’aller dans cet endroit, notamment pour déguster la spécialité, le Roujiamo (肉家摸 – prononcez jodziamo, littéralement : petit pain farci à la viande fait maison), sorte de hamburger au mouton assaisonné de piment, de poivron et de cumin. Et aussi pour goûter au jus de grenade, ce fruit étant ici cultivé en grandes étendues. On me promettait une ambiance inoubliable, « surtout à la nuit tombée, il faut aller à Beiyuanmen (la rue principale) et tu verras ».

Et bien, comment dire ? Cette rue est un peu comme un mariage incongru entre Disneyland et la géniale street food Jalan Alor de Kuala Lumpur, que j’adore, très touristique elle aussi, mais dans un autre genre. Ici, vous avez parfois l’impression d’être dans un parc d’attraction dédié à la cuisine Hui ; comme il devait manquer quelque chose, du point de vue de la Ville, dans cet alignement de stands de street food, ont été rajoutés des boutiques, parfois immenses, super cheap, qui vous proposent maints souvenirs inauthentiques. Et puis, et puis, le brouhaha de la foule ne suffisant pas, les magasins ont ajouté chacun une bande son, pimpante, une sorte de disco flirtant avec la house music parfois et surtout, surtout, très répétitive (c’est quelque chose qui surprend ici, la musique ou les slogans publicitaires en boucle, parfois très courte, 15 secondes de slogan, 5 secondes de silence et ça repart). Et musique plus couleurs attirent beaucoup les foules (nous nous y mettons progressivement, par exemple dans les centres commerciaux, mais ils ont de l’avance !).

La rue Beiyuanmen, foule du samedi soir, parfois sans masque…:-)

En fait, ce qui m’a perturbée ici, c’est de savoir comment les Musulmans sont considérés (chaque fois que j’en parle avec des collègues chinois, je sens une réticence) et de voir que la place qu’on leur allouait était un peu comme celle d’une attraction folklorique… Mais ne boudons pas notre plaisir, j’ai adoré le roujiamo et j’ai goûté des fruits d’aubépine avec une farce à base d’ostmanthus – une fleur très odorante – plongés dans du sucre, un délice absolu !

Voici quelques-unes des spécialités que vous pouvez croiser (et déguster) lors de votre déambulation.

Pains d’ici
Nouilles large, spécialité de Xi’an
Barbapapa et cuisine de rue
Galettes à base de kaki, ici le fruit est petit, orange foncé et très sucré
Quelques noix pour la route
Calamars à la plancha
Pieds de porc grillés (disponibles aussi sous vide)
Jus de grenade, c’est une grande région de production du fruit
Yaourt

Un peu déçue quand même par le concept, bien qu’ayant très bien mangé, je me suis écartée de cette voie principale pour flâner dans les alentours. Dès que vous prenez les chemins de traverse, c’est un univers différent que vous rencontrez, épiceries rudimentaires, petites cantines de voisinage, cuisine faite dans la rue… Au gré de mes déambulations, je suis arrivée à la Grande Mosquée de Xi’an, qui surgit au détour d’un de ces dédales de rues. Et j’ai été éblouie.

Cette mosquée occupe 12000 m², c’est la plus ancienne et la mieux préservée de Chine, fondée au VIIIe siècle et reconstruite au XIVe siècle.

Tout un monde de beauté paisible, fait de pierre rude et grise, enserrée dans une belle nature. A l’écart de cette foule un peu artificielle (je ne parle pas de l’authenticité de la nourriture, simplement du décorum qui l’entoure), ce magnifique endroit déploie ses cours successives, toutes différentes, qui vous mènent de méandre en méandre au travers de ces pagodes bien chinoises mâtinées d’Islam. Très surprenant comme alliance.

Je me suis sentie très bien dans cet endroit hybride, dans ces jardins frôlés par l’hiver où passait parfois un oiseau.

FB