Cinéma – Franck DUBOSC : Tout le monde debout (2018)

tout le monde debout

Encore un film d’avion (au retour 😉 ) ! Je le précise car je ne pense pas que je serais allée le voir dans une salle. Et ce fut une surprise plutôt heureuse et inattendue.

Jocelyn (Franck Dubosc) est un homme d’affaires proche de la cinquantaine, qui a réussi et vit encore comme un enfant tout puissant, mythomane et dragueur invétéré, vivant de challenges, sans lien relationnel fixe, amoureux, familial ou amical, avec comme exception son amitié envers Max (Gérard Darmon). A l’occasion du décès de sa mère (qui n’est qu’un épisode de circonstance), il va se retrouver au gré d’une drague d’un jour, face à une femme complètement étrangère au monde idéal dans lequel il évolue, Florence (Alexandra Lamy) plus âgée que ses conquêtes habituelles et… en fauteuil roulant. Ajoutons que pour séduire sa future conquête, il s’est lui-même fait passer pour un handicapé. Nous allons suivre les aventures de ces deux-là.

Ce qui aurait pu être une comédie totalement graveleuse se révèle finalement plutôt traité en finesse (je viens de voir la bande d’annonce du prochain film de Fabien Onteniente, « All inclusive » avec le même Franck Dubosc, et cela vole quand même très très bas, autour de pets et autres facéties de stade anal/oral que vous avez dépassés depuis longtemps, j’espère ! Ce qui n’est pas le cas ici). Et tout cela grâce à cette superbe comédienne qu’est Alexandra Lamy, solaire, naturelle et drôle, qui pourrait vraiment jouer n’importe quoi en termes de comédie. Face à elle, Franck Dubosc, qui est aux commandes du film comme réalisateur, s’efface et se tempère et la délicatesse prend le pas sur la grossièreté. Ajoutons à cela le personnage un peu bizarre, à contre-temps (et à contre-emploi) d’Elsa Zylberstein en secrétaire lunaire, qui apporte encore un adoucissement à l’ensemble.

Nous avons actuellement en France une génération d’actrices quadragénaires excellentes dans la comédie (et très belles en plus), ce qui est assez inédit. Virginie Efira, Alexandra Lamy et Marina Foïs en sont les têtes de pont (j’ai envie d’y ajouter Bérénice Béjo) et nous donnent à voir des personnages désinhibés, prêtes à affronter toutes les situations cocasses (et à les maîtriser) tout en gardant leur entière féminité. C’est le cas ici avec le rôle de Florence.

Enfin, je vous fais part d’une anecdote au moment où j’ai visionné le film. Un avertissement de la compagnie aérienne Etihad (Emirats Arabes Unis), disant que des scènes ou des propos pouvaient choquer (alors qu’ils proposaient en libre service « La nonne » film d’horreur) m’a fait prendre conscience d’une chose : en France, nous avons une liberté de pensée et de propos qu’il ne faut pas perdre. Certes, si l’on présente la chose comme une manière de se moquer des handicapés, ce n’est pas très engageant. Mais il y a plus que cela. Nous sommes dans une société où il devient difficile de critiquer la pensée « mainstream ». Dire que l’on aime la corrida (c’est mon cas), que l’on comprend l’esprit de la chasse (c’est mon cas aussi), que l’on est pour le nucléaire (idem) ou que nous avons un Pape plutôt très bien est devenu dans certains endroits presque indécent. Quand à risquer une blague sur les Juifs, les homosexuels, les Musulmans, cela relèverait de l’exécution immédiate… Se forger une opinion suppose de la confronter à des forces différentes et adverses a priori, qui n’en sont pas forcément moins respectables. En revenant au film cité, il est salutaire dans ce sens, nous pouvons « rire de tout mais pas avec tout le monde » (Pierre Desproges, un de mes dieux).

Donc, à voir si vous agréez mes propos ci-dessus.

FB