Cinémas – Ramin BAHRANI : Farenheit 451 (2018)

Fahrenheit 451

Farhenheit 451 (1) est un livre de science-fiction dystopique écrit en 1953 par Ray Bradbury (1920-2012), grand écrivain de science-fiction américain, également auteur des  magnifiques « Chroniques martiennes » (1950). J’avoue qu’il fait partie de mes classiques, des ouvrages que j’ai remarqués quand je dévorais les livres du genre au sortir de l’adolescence.

Dans l’avion qui m’amenait en Asie (je ne me cherche pas d’excuses, je recontextualise 🙂 ), à la peine pour trouver un film dans une langue que je comprenne, j’ai opté pour celui-ci, attirée notamment par la présence de Michaël Shannon, acteur sous employé à mon avis, que j’avais adoré dans « Take shelter » en 2011 (Curtis La Forche).

Il s’agit en fait d’un blockbuster américain dans la veine classique, qui se révèle presque poussif ; car l’on ne peut pas dire que l’action portée par le scénario peut s’apparenter à des films comme « Fast and furious » ou « Mission impossible », par exemple. En adoptant toutes les apparences du genre et sans pouvoir en assumer le contenu, le réalisateur perd le film en route (et nous par conséquent).

Par ailleurs, l’acteur principal, Michael B. Jordan, qui a fait ses classes dans des séries américaines, aurait mieux fait de s’y cantonner. Car il doit arborer en tout et pour tout dans le film trois expressions, et encore. Je veux bien que Guy Montag, le héros conçu par Ray Bradbury soit obligé d’être maître de ses émotions, mais quand même ; dans « Equilibrium » (Kurt Wimmer, 2002), nous pouvons par comparaison mesurer le grand art de Christian Bale, placé dans la même position d’auto-contrôle (même si cela ne constitue pas un plébiscite  ma part pour le film cité).

Le scénario prend également de belles libertés avec l’oeuvre initiale. Le héros n’a pas d’épouse, ici, ce qui lui permettra sans doute de mieux rencontrer la jeune Clarisse (qui dans le livre disparait rapidement et a… 17 ans) et au réalisateur, de broder une histoire parallèle sur le sujet. C’est sans doute ici le plus bel accroc au livre de Ray Bradbury, mais il y en a bien d’autres. Je comprend que l’on ne soit pas fidèle, mais encore faut-il que cela ait un sens.

J’en viens au point majeur : pourquoi ce film ? Qui parle d’une destruction rationnelle et systématique des livres comme instruments de la pensée ? Dans notre société où ils sont déjà en train de mourir et dans un pays qui les a presque enterrés (en 2015, 51% de la population américaines disait lire de 0 à 5 livres par an), ce film est un contresens ; ou alors un trait de génie d’un prophète (pas très bien) inspiré, qui voudrait faire comprendre aux Américains l’importance des livres. Je penche personnellement pour la première interprétation, le réalisateur, en mal de scénarios Marvel et autres, où des rebelles peuvent castagner un pouvoir autocratique, aurait opté pour cette oeuvre obscure, parlant de livres au passage (de quoi ? dira la moitié du public…).

Bref un beau ratage. Est-ce pour cela qu’il est sorti directement à la télévision (ou dans les avions étrangers…) ? Je ne sais…

Pauvre Michaël Shannon, encore une fois pas à sa place.

FB

(1) Saviez-vous que farhenheit 451 est la température d’auto-inflammation du papier ? Maintenant oui !