Copenhague, de nos jours. Asger Holm, policier de garde au numéro 112 (équivalent de « police secours » en France – je vous le rappelle au cas où : le 17), reçoit un appel d’une femme, Iben, qui dit avoir été kidnappée et appeler à l’insu de son ravisseur, depuis la voiture où il l’emmène.
Ce film court, moins d’une heure trente, repose sur un procédé ici très bien mené : nous ne sortirons pas du local où se trouve le standard téléphonique, tout va se passer par téléphone, au gré des appels que va donner ou recevoir Asger. Il nous incombe de reconstituer les scènes de ce « thriller », d’imaginer les faits qui se déroulent devant nous à partir de récits téléphoniques… L’imagination au pouvoir, comme si nous lisions un livre. Pour corser le tout, nous comprenons assez vite que Asger porte en lui une histoire personnelle difficile, qui vient sûrement perturber son interprétation de la situation actuelle. Au gré de notations rapides et subtiles, au détour de certaines phrases, nous parvenons à saisir quelque chose du personnage (qui restera cependant très énigmatique) et des projections qu’il fait sur la situation à laquelle il est confronté. Cela rend notre interprétation parfois maladroite, car nous devons nous défaire sans cesse de son point de vue. A cette subjectivité répond selon moi l’ambigüité du titre, « The guilty », le/la coupable ; certes Asger est le premier coupable auquel nous pensons, de par son passé et aussi de par certaines actions qu’il va mener dans l’urgence. Mais nous pourrions aller plus loin, car la notion de culpabilité peut être étendue à Iben, à son compagnon de route, voire à la société toute entière. Car le film est sur ce point très nuancé, je pense.
Pour accentuer le suspense de l’histoire, ou tout du moins lui donner du relief, le cinéaste joue sur les sons. Silences presque assourdissants, bien qu’ils ne durent que quelques dizaines de secondes, pour marquer les inflexions dramatiques du récit. Bande son très travaillée qui nous restitue les moindres bruits, soupirs et inflexions des protagonistes au téléphone. Belle dramatisation phonique qui nous capte et nous retient.
Le rôle titre (unique ?) est confié à un acteur danois (inconnu de moi jusqu’à présent), Jakob Cedergren, impeccable dans l’interprétation qui lui est confiée et qui réussit à faire passer de manière très fine les différents états d’âme du personnage principal.
Enfin, notons la dureté de l’environnement, au diapason de l’histoire qui nous est contée ici. Relations humaines presque déshumanisées entre policiers, froideur bleue et verte de la lumière qui environne le héros, peut-être comme un reflet de ce qu’il vit et de ce qu’il a vécu.
C’est un très bon film.
FB
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