Cinéma – Steven SPIELBERG : Ready player one (2018)

ready player one

Comme je l’ai déjà signalé en évoquant « Pentagon papers » (2017), son oeuvre précédente, Steven Spielberg est un caméléon cinématographique. Si l’on peut dire que les points communs à tous ses films sont l’ampleur et l’action, certains sont ancrés dans des faits réels (« Munich » (2005), « Il faut sauver le soldat Ryan » (1998) ou encore « Pentagon papers » appartiennent à ce genre) et les autres relèvent de la pure aventure (« Jurassic Park » (1993) et la série des « Indiana Jones » en sont de bons exemples).

Le film dont il est question appartient à la deuxième catégorie, il chercher à divertir (même s’il comporte également une dimension politique, nous le verrons). Il nous transporte en 2045, dans un monde presque en ruines, où pour échapper à cet univers en loques, la plupart des habitants se réfugie dans la réalité virtuelle. James Halliday, un geek multimilliardaire (un peu Mark Zuckerberg) a créé l’OASIS, un univers dans lequel chacun peut s’inventer l’avatar qu’il souhaite et faire ce qu’il veut ; à sa mort, il décide de confier la gestion de l’OASIS ainsi que toute sa fortune à celui qui trouvera trois clés qui y sont cachées. Wade, un jeune homme, alias Parzival, va se lancer dans la quête.

Evacuons rapidement la critique politique ; il s’agit d’une dystopie, qui nous décrit un monde qui a mal tourné et où le monde virtuel a pris le dessus. Steven Spielberg projette ici en la maximisant cette tendance actuelle à se réfugier sur des écrans de tout genre. Mais son discours sur le sujet s’arrête là, ce n’est qu’une toile de fond pour ce qui va suivre.

Car nous allons être emportés dans un tourbillon d’images virtuoses et dans un récit parfaitement mené qui va nous laisser sans voix pendant plus de deux heures. Technologies, explosions, bagarres, poursuites… Tout cela s’enchaîne avec bonheur et pas mal d’humour, bien porté par des comédiens pour la plupart peu connus mais au diapason. Et c’est jubilatoire, très malin et bien inspiré.

En effet, au-delà de cette première approche, qui nous donne à voir un film d’action/aventure réussi, le cinéaste rajoute une profondeur en le ponctuant de mille et une citations de culture cinématographique, musicale et de jeux vidéo. Dark Crystal, Duran Duran, Saturday night fever, Chucky, Godzilla, La folle journée de Ferris Bueller, les Buggles, A-ha, autant de références qui émaillent le film (et encore je n’en ai capté que quelques unes). A chaque âge ses références (plutôt américaines, disons-le), un adolescent aura vu des choses que je ne connais pas et vice-versa. Et cela donne envie de revoir le film presque immédiatement !

A 71 ans, cet homme nous donne ici en filigrane une leçon magistrale de ce que l’un des protagonistes appelle la « culture pop », mais qui va d’après moi bien au-delà, embrassant à la fois la culture des 50/40/30 ans en un tout coloré et qui va vite !

Enfin, je voudrai faire une mention spéciale à quelques scènes stupéfiantes, presque en rupture, au milieu du film, quand les avatars des protagonistes du film se retrouvent dans les décors de « Shining » (Stanley Kubrick, 1980) ; nous les voyons déambuler dans le grand salon, entrer dans la chambre 237, croiser les jumelles… C’est une mise en abyme très impressionnante, qui nous rappelle l’admiration de Steven Spielberg pour ce cinéaste, dont il disait en 1999 que « personne ne pourrait faire un meilleur film dans toute l’histoire [du cinéma] ».

Excellent divertissement, sans doute l’un des meilleurs du cinéaste, à voir et à revoir.

FB