Cinémas – Mohammad RASOULOF : Un homme intègre (2017)

un homme integre

Reza vit dans sa ferme piscicole avec sa femme Hadis, directrice d’école et son jeune fils. Pour acheter sa maison, il a contracté un prêt qu’il a du mal à rembourser ; l’employé de la banque lui propose d’effacer les intérêts et les pénalités de retard moyennant un pot-de-vin. Il refuse, préférant vendre sa voiture pour payer cash les sommes qu’il doit. A partir de là, comme s’il avait transgressé une loi sociale officieuse, il va se retrouver en butte à un harcèlement incessant pour le faire plier et les agressions vont s’enchaîner les unes après les autres…

Il s’agit ici d’un film politique, qui se veut démonstration. Mohammad Rasoulof, né en 1972, a commencé sa carrière en 1991 et a été distingué trois fois au Festival de Cannes (dont celui de la sélection « Un certain regard » pour cette oeuvre en 2017). De par son engagement, il est en proie à des démêlés incessants avec la Justice iranienne ; en 2010, il a été arrêté avec son ami le cinéaste Jafar Panahi (auteur notamment de « Taxi Téhéran », en 2015) au motif qu’il n’avait pas obtenu les autorisations nécessaires pour filmer et il est depuis lors sous le coup d’une peine de prison suspensive. En septembre 2017, son passeport a été confisqué, ce qui ne lui permet plus de sortir d’Iran et il est actuellement en train de subir des interrogatoires, risquant jusqu’à six ans de prison (1).

Ce contexte éclaire suffisamment le film dont il est question ici. Urgence, sécheresse, aucune affèterie. C’est l’illustration d’un monde que Kafka n’aurait pas renié (j’ai pensé à son livre « Le château »), aux rouages implacables, qui menace de broyer le héros. Une oeuvre en forme de dénonciation frontale, portée par l’incandescence de deux comédiens (espérons qu’ils ne seront pas traités comme le cinéaste), Reza Akhlaghirad (Reza) et Soudabeh Beizaeeh (Hadis), excellents.

Si j’apprécie de temps à autre des blockbusters américains, des comédies françaises, des films d’anticipation, je ne peux qu’encenser ce genre si rare aujourd’hui du film engagé dans une cause, ici au péril de la vie du cinéaste.

Il est des oeuvres qui font réfléchir sur notre monde actuel ; elle en fait définitvement partie.

Allez-le voir (et signez la pétition en note 1).

FB

(1) S’il vous plaît, lecteurs fidèles, signez la pétition suivante : https://www.change.org/p/libert%C3%A9-d-expression-pour-mohammad-rasoulof-freedom-of-speech-for-mohammad-rasoulof?recruiter=542006210&utm_source=share_petition&utm_medium=copylink&utm_campaign=psf_combo_share_message