Escapade – Cambodge, Siem Reap et Angkor (2017)

Le Cambodge nous est familier pour un fait contemporain absolument atroce, la dictature de Pol Pot, qui a la tête des Khmers Rouges, installe un régime communiste en 1975, qui sous couvert de rééducation des élites, se livre à un carnage (1,7 millions de morts jusqu’à leur chute en 1978).

Mais ce pays est également autre chose sur le plan historique. Issu du prestigieux Empire Khmer qui dominait l’essentiel de la péninsule indochinoise au XIIe siècle (Laos, Vietnam, Thaïlande et Cambodge), il a connu une dynastie de rois conquérants et bâtisseurs, à qui l’on doit notamment l’un des plus grands complexes médiévaux connus, celui d’Angkor.

Traversé par des obédiences religieuses qui évoluent au fil du temps, le pays a été hindouiste Sivaiste (de Siva ou Shiva, le plus puissant des Dieux hindouistes) du VIe au XIe siècle, puis hindouiste Visnouiste (de Visnou ou Vishnou, autre Dieu de la même religion), avant de devenir Bouddhiste. Les temples construits dans cet ensemble suivent ce mouvement, passant du culte de Siva à celui de Visnou pour enfin rejoindre celui de Bouddha, non sans quelques destructions parfois (bien que l’on doive également une partie de celles-ci aux Khmers Rouges qui se sont installés à Angkor, sans doute pour reprendre à leur compte la puissance symbolisée par cet ensemble architectural). Edifiés entre le IXe et le XIVe siècle par les rois Khmers, qui en font leur capitale, ce sont quelques cinq cent temples, une ville royale (Angkor Tom, qui signifie « grande capitale ») et maints ouvrages hydrauliques ou de circulation qui voient le jour. En 1431, la capitale est transférée dans l’actuelle Phnom Penh ; l’ensemble architectural est abandonné avant d’être redécouvert au XIXe siècle et renaître peu à peu de ses cendres. Actuellement les restaurations vont bon train, prises en charge, en plus de la contribution du Cambodge, par des pays comme l’Inde, la Chine ou la France. Notons enfin que le site a été classé au Patrimoine mondial de l’Humanité par l’UNESCO en 1992.

Et c’est une véritable découverte que ces édifices à moitié ruinés, inscrivant leurs massivités grises ou rouges (quand ils sont fait de latérite) sur le vert cru de la jungle qui les environne, voire s’entremêle à eux (Temple de « Ta Prom », un de mes préférés). Parés de bas reliefs d’une grande finesse, représentant apsaras (danseuses khmères), divinités ou scènes historiées représentant des épopées guerrières, ils inspirent sérénité et éternité. C’est vraiment un choc esthétique réel et je comprend que certaines personnes y viennent et reviennent sans cesse. Je vous livrerai ci-dessous quelques images que j’ai particulièrement aimées.

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Bayon, porte Est

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Préparation de brochettes pour un banquet , Bayon

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Angkor Wat

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Ta Prom

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Ta Prom

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Angkor Wat

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Apsaras, Angkor Wat

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Bayon

Pour aller voir ces merveilles, vous allez forcément loger dans la ville de Siem Reap, qui jouxte l’ensemble. Et vous vous trouverez face à un monde en pleine mutation, des hôtels de luxe, avec piscine et spa, surgissant de terre à grande vitesse, au milieu de la ville traditionnelle, faite de logements humbles, de petites échoppes, toutes révélatrices d’une vie quotidienne simple, bien loin de nos normes d’hygiène et de notre niveau de vie. Grand choc là aussi entre les cultures, comme si une ligne invisible séparait ces deux mondes. Si vous logez dans un des « resorts », comme nous disons maintenant, emportés par la vague de l’anglicisation, il vous suffit de sortir dans la rue pour vous trouver confrontés à une réalité différente (et d’après moi, plus vivante et plus vraie). Je vous incite à prendre un « tuk-tuk » (mobylette avec carriole pour passagers) qui vous emmènera en ville pour deux à trois dollars, puis à goûter quelques spécialités locales dans des restaurants du cru (attention quand même, nous autres occidentaux avons l’estomac fragile), comme par exemple le « Lab » (menthe, échalotes, riz frit, viande, galanga, basilic thaï et citron) ou l’Amok (lait de coco, citron kaffir, citronnelle, viande ou poisson, échalotes et riz). Vous pourrez ainsi côtoyer la réalité du pays, la gentillesse des gens, bien loin de votre « prison » plus aseptisée.

Le Cambodge est en train de miser gros sur la transformation de l’économie de la région en économie du tourisme ; chauffeurs de tuk-tuk, guides et personnel d’hôtel remplacent peu à peu les métiers d’antan. Tant mieux si les personnes concernées trouvent là des métiers moins pénibles, mais attention à l’uniformisation des pays. Comme je le dis toujours, lorsque nous trouverons à l’autre bout de la terre ce que nous avons chez nous, quel sera l’intérêt de voyager ?

En tout cas, allez-y, c’est magnifique (les temples) et encore très dépaysant (ville).

FB