Cinéma – Duncan Jones : Source code (2011)

source code

Un « vieux » film, que je viens de revoir avec un plaisir certain. Et surtout, j’ai pu, entre temps, voir le premier long-métrage de ce metteur en scène, « Moon« , et nous avons l’impression de voir naître un vrai talent, dont nous espérons qu’il continuera à tracer son sillon original (1) dans la jungle filmographique actuelle, comme l’a réussi son aîné Andrew Niccol (2).

Source code est un film sans esbroufe, tout comme Moon, simplement basé sur une idée brillante, menée sans faute d’un bout à l’autre. Opus court (à peu près une heure et demie, tout comme Moon), ce qui lui donne sans doute un aspect dynamique renforcé, c’est une oeuvre nerveuse et sans temps mort. Nous avons l’impression que le cinéaste trace droit dans le scénario au cordeau qu’il a planifié d’avance ; rien n’est laissé au hasard.

Soit un homme, qui se réveille à bord d’un train de banlieue qui roule vers Chicago, sans aucun souvenir d’être monté à bord. En face de lui, une jeune femme qui le connaît, Christina, comme quelqu’un qu’il ne pense pas être. Et le train explose… (là je vais quand même être obligée d’en dire davantage, malgré mon habitude, pour ne pas parler dans le vide – mais tout ce que je vais expliquer se passe dans les dix premières minutes du film). Donc, après l’explosion, qui tue à peu près tous les passagers du train, le héros se réveille dans un caisson et comprend qu’il est le sergent Colter Stevens, envoyé « en pensée » dans ce train, pour comprendre pourquoi il a explosé et prévenir le drame.

A partir de ce thème introductif, le cinéaste va nous offrir de brillantes variations sur le thème du paradoxe temporel. Pour ma part, je n’avais pas vu ce sujet, fort traître, déroulé avec un tel brio depuis « Un jour sans fin » d’Harold Ramis (1993) ou  « L’armée des douze singes » de Terry Gilliam (1995) (3). Le film se rapprocherait d’ailleurs plus, dans sa structure, de celui d’Harold Ramis, de par la répétition de la même séquence de temps encore et encore. Mais dans cet espace-temps resserré, le metteur en scène introduit le motif d’une enquête policière haletante. A force de détails remarqués, de conversations provoquées, le héros va t-il parvenir à empêcher l’explosion ? Là par contre, je ne vous dirai rien…

Cette histoire presque technique, du moins telle que je l’ai exposée, n’oublie pas la dimension humaine, qui est au coeur du film. Les héros ne sont pas, comme dans tant de films, instrumentalisés pour les besoins du scénario et des effets spéciaux (qui sont ici réduits au minimum, juste quelques explosions !). Ils existent vraiment, et donnent au récit toute sa profondeur ; même s’ils s’inscrivent dans les archétypes de ce type de film américain (j’ai pensé à « Speed » de Jan De Bont), dans les scènes un peu artificielles qui tendent à faire interagir des personnes étrangères à bord du même train (pour prendre tous les jours le métro à Paris, je peux dire qu’il faudrait au moins une guerre nucléaire pour obtenir le même résultat 😉 ). Au centre, bien sûr le sergent, joué par Jake Gyllenhaal, personnage très attachant, mais il faut aussi faire mention de Christina (la jolie et sensible Michele Monaghan), et aussi, j’aurais envie de dire surtout, de Vera Farmiga, actrice surtout employée dans des seconds rôles, comme ici, où elle se révèle et où elle va jouer le Deus ex machina.

Car c’est aussi un film sur l’éthique, qui s’apparenterait un peu à « Johnny got his gun » de Dalton Trumbo (1971), où s’insère une réflexion sur l’utilisation de l’être humain à des fins scientifiques. Et là se donne à voir toute l’humanité qu’il recèle.

C’est un très beau film que je recommande.

FB

(1) Et il est bien parti vu son ascendance : c’est le fils de David Bowie 😉
(2) Pourquoi, me direz-vous, mettre en relation ces deux-là ? Parce que le premier opus d’Andrew Niccol, « Bienvenue à Gattaca » est de mon point de vue une des plus grandes réussites dans le film de science-fiction de cette dernière décennie ; et également car ce cinéaste a su continuer à produire des oeuvres originales et de très grande qualité, comme « Lord of war » ou « The Truman show ».

(3) Excellents films, chacun dans son genre !