Théatre : Henrik IBSEN – Peer Gynt (Comédie française, Paris, juin 2012)

Un lieu : le Grand Palais, où, lors des entr’actes, nous pouvons apercevoir l’oeuvre de Daniel Buren pour le festival « Monumenta » (le billet d’entrée pour la pièce donne d’ailleurs accès à l’oeuvre). A chaque interruption, une plongée dans une chaude lumière d’été, au sortir de la fraîche semi-obscurité de la salle.

Pendant quatre heures, nous allons assister aux errances de Peer Gynt (prononcez « Pèr Gunt »), ce héros (anti-héros ?) norvégien d’une saga improbable, qui le mène de son pays natal en Amérique puis en Afrique, puis en Arabie et retour en Norvège.

La scénographie est merveilleuse : les spectateurs sont face à face, séparés par la scène, qui prend la forme d’un long chemin, en lien avec ce héros toujours en mouvement. Nous sommes peut-être 400 en tout, à nous regarder les uns les autres à travers les acteurs (d’ailleurs, en face de moi, Guillaume Gallienne, de la Comédie française). Et nous entrons en résonance tout au long du cours de l’histoire.

Les acteurs sont bouleversants : et surtout Hervé Pierre, rôle titre, grand petit bonhomme, qui anime ce personnage complexe et contradictoire. Il est nu et impérial à la fois, incarnant la grandeur d’un destin dans la petitesse d’un homme.

Les costumes sont magnifiques : de Christian Lacroix, ils portent chaque fois la touche d’exotisme ou de trivialité qui épousent les personnages. Ils permettent le voyage dans cet univers onirique et terre à terre, rugueux et ciselé comme une saga nordique.

La mise en scène est impeccable : d’une pièce complexe, parfois touchant au surréalisme (on songe à Ubu roi pour certains passages), elle fait une lecture presque simple, elle décrypte sans en avoir l’air, cette tragédie sinueuse, pleins et vides assemblés.

Merci à Eric Ruf, sociétaire de la Comédie française, pour cette mise en spectacle d’une oeuvre exigeante, qui en ressort lisible et belle. A voir si possible.

FB

th (18)