J’avais eu la chance de voir cette pièce dans sa première mise en scène, en 1994 (oui je sais, cela ne nous rajeunit pas 😉), avec Pierre Vaneck, Pierre Arditi et Fabrice Luchini dans les rôles titres, trois poids-lourd de la scène à l’époque. J’avais apprécié à l’époque ce punching-ball entre trois amis en train de défaire leur relation sur un motif sans importance.
Et j’ai donc pris une place dès que possible pour cette nouvelle adaptation au Théâtre Montparnasse, faisant confiance aux anciens des Deschiens (François Morel, Olivier Saladin et Olivier Broche – pour le dernier, son nom ne vous dit peut-être pas grand chose, mais il jouait l’enfant qui se faisait réprimander dans les scénettes des Deschiens) pour la réinterpréter dans leur style à eux.
Serge (Olivier Broche) vient d ‘acheter un tableau d’un artiste contemporain, minimaliste, qu’il a payé 40 000 €. Quand il le montre à son ami Marc (François Morel), il ne récolte qu’incompréhension et sarcasme. Quant à leur ami commun Serge (Olivier Saladin), il va essayer d’aplanir la situation, sans y parvenir tout à fait. De cette dissension pour une raison insignifiante va surgir une remise en cause profonde de leur amitié de trente ans.
C’est un dégommage en règle auquel nous allons assister ici, la parole de chacun des protagonistes dépassant leur pensée, juste pour atteindre l’autre (j’ai pensé au film « Un air de famille » d’Agnès Jaoui et de Jean-Pierre Bacri, où tout n’est que règlements de comptes blessants – c’est d’ailleurs un film que je n’aime pas beaucoup pour cette raison). L’avis des uns et des autres sur le tableau n’est qu’un détonateur pour remettre en cause tout ce parcours amical au long des décennies ; jusqu’à se demander si cette relation a jamais existé.
Bien sûr, toute cette violence relationnelle se drape de bons mots (qui font beaucoup rire la salle), de procédés d’écriture bien vus, comme par exemple les personnages qui répètent ce que l’autre a dit, c’est une pièce très spirituelle, où ruines et destruction se font dans une écriture scénographique impeccable, pleine d’humour.
Les trois anciens des Deschiens apportent ici toute leur gestuelle sans parole, ce qui est sûrement le plus drôle dans la pièce. Le monologue d’Olivier Saladin, sur l’écriture des cartons de son mariage est un moment de bravoure assez remarquable.
Tout le public était debout en ovation unanime à la fin de la pièce. Je suis absolument d’accord sur la performance des acteurs, mais j’ai maintenant des doutes sur le scénario de la pièce, trente ans après l’avoir vu pour la première fois, je me rends compte que je n’ai pas trop aimé cette oeuvre de destruction massive (et surtout gratuite).
FB

Je me souviens de la version initiale avec Arditi que j’ai dû voir sur Arte. Cette autre adaptation par d’anciens Deschiens semble être assez cocasse. Mais visiblement, le ton ne t’a pas emballé.
C’est plutôt le fond de la pièce que j’ai trouvée finalement assez méchante et gratuite (je ne m’en souvenais pas ainsi).
Je rêve d’aller voir la pièce à mon prochain passage à Paris. Merci pour ton avis, toujours précieux. 😀