Au milieu de ce mois d’août dans la capitale déserte (du moins si vous évitez les lieux touristiques), il existe un plaisir lent et calme, pousser la porte d’une salle de cinéma pour aller voir des films que nous n’irions pas voir en temps normal, quand les sorties de films très attendus s’enchaînent les unes aux autres et sont prises d’assaut. Cet été, l’Asie était à l’honneur, avec des opus plus ou moins réussis (je vous recommande « Brief history of a family », voir sur mon blog).
Ici, un film japonais au marketing assez agressif (pour un mois d’août 😉), nanti d’une affiche aguicheuse, avait retenu mon attention, me poussant à abandonner les rues ensoleillées pour un court moment.
Dans l’auberge Fujiya, nichée dans le petit bourg de Kibune, dans les montagnes japonaises, la vie suit son cours, certains clients en train de déjeuner réclamant du saké chaud, un autre en pleine baignade dans un onsen, et toute une armée de personnel en train de les servir et de veiller à leur bien-être, sous la férule bienveillante de la propriétaire. Quand soudain, Mikoto, l’une des servantes, se rend compte qu’elle revit le même moment « en boucle » et alerte ses collègues ainsi que les clients de l’hôtel. Les voilà pris dans un cycle infernal de deux minutes qui se répètent sans cesse, sans qu’ils en comprennent la raison.
Harold Ramis, en 1993, nous avait ébloui avec cette idée de boucle temporelle (qui durait une journée) dans « Le jour de la marmotte » ; il faut dire que la prestation hors-norme de Bill Murray y était pour beaucoup, mais aussi la fantaisie et la virtuosité de la mise en scène.
Difficile et hasardeux, même plus de trente ans après, de se saisir du même sujet, sans passer pour une pâle copie.
Faisons d’abord mention de l’image, magnifique, un peu voilée et brumeuse, comme pour nous signifier que nous sommes hors du temps (ce qui est le cas 😊). Et il faut également signaler la très bonne idée selon laquelle les protagonistes se souviennent de ce qu’ils ont vécu dans les deux minutes précédentes, Bill Murray aurait a-do-ré ! Cela leur permet de créer une communauté improbable et éphémère pour essayer de résoudre cette énigme. Le procédé met également à jour les relations entre les différents personnages, amour, colère, tensions de tout genre. Et bien sûr, il permet des variations de situations assez enlevées, les personnages semblent courir tout le temps (il faut dire qu’avec deux minutes, c’est vraiment serré !).
Vient un moment où nous basculons d’un film « classique » vers quelque chose de plus absurde, qui n’est pas sans rappeler ces films pour enfants un peu bricolés, avec des personnages qui s’agitent, en font des tonnes tant dans les mouvements que dans les mimiques, jusqu’à une fin totalement « barrée » (je pèse mon mot).
Film très étrange, avec beaucoup d’aspects séduisants, mais qui m’a quand même laissée sur le bord du chemin.
FB

Très jolie chronique sur ce film qui aura été mon moment feel good de fin de vacances. J’ai marché (j’ai même couru) avec Mikoto. Et pas seulement pour la fantaisie du sujet (qui emprunte beaucoup à la culture manga), mais aussi par cet arrêt sur image sur de ces gens si pressés (pour ne pas dire pressurés) dans ce monde où tout doit aller vite.
Oui tu as raison, après la lenteur de Jackie Brown, j’aurais dû remarquer le côté pressé du film ; qui contraste d’ailleurs avec l’idée de calme et de lenteur que l’on prête à un séjour dans ce type d’auberge de montagne loin de tout.
Merci pour ton commentaire.