Cinéma – William A. Wellmann : The purchase price (1932)

Et voilà ! Entraînée par mon nouveau visionnage de « Convoi de femmes » et encouragée par un collègue blogueur (merci Princecranoir !), j’ai plongé dans la pléthorique filmographie de William A. Wellmann, un cinéaste que l’on pourrait comparer à Frank Capra (avec lequel il a collaboré pour « Convoi de femmes »), pour l’humanité qui se dégage de ses films et l’engagement social qui les sous-tend. Avec une différence importante : alors que le premier fait le choix de la comédie (mâtinée de drame), le second fait l’inverse, préférant la forme dramatique (avec quelques incursions vers la comédie).

J’ai vu trois films de lui pour le moment, que je ne peux que recommander : « Les enfants de la crise » (1933), « Rose de minuit » (1933 également) et le présent opus.

Ici nous est contée l’histoire de Joan (Barbara Stanwick), qui après avoir été chanteuse dans des cabarets chics de New-York depuis l’âge de quinze ans, décide de partir à Montréal pour échapper à son amant mafieux ; elle va finalement se retrouver dans la campagne canadienne en compagnie de Jim Gilson (George Brent), qui recherche une épouse. Tout un contexte social qui nous est raconté en forme réaliste, sur fond de dépression économique (qui ici se fait moins sentir que dans d’autres films, comme « Les enfants de la crise », déjà cité, qui saisit sur le vif la dévastation sociale qu’a représenté la crise financière de 1929).

Quel plaisir de retrouver ce cinéma des années 30, plein de fraîcheur, d’avant la mise en place des contraintes d’Hollywood qui corsèteront ensuite tellement les relations entre les femmes et les hommes. Ici, la toute jeune Barbara Stanwick campe une femme déterminée et libre, face au jeune premier George Brent, héros de ces dames, qui a déjà tourné avec Loretta Young, Kay Francis ou Bette Davis, les actrices en vogue de l’époque.

Le film, qui ne dure qu’1h10, nous donne cependant l’impression d’être plus long, tant il est riche de scènes différentes. Cette impression de densité est principalement due à la forme adoptée, de petites saynettes très vivantes et pleines d’action, qui procèdent parfois par allusion. J’ai particulièrement apprécié les images qui clôturent ces petits moments, comme des morceaux de poésie.

Les personnages sont très caractérisés, une chanteuse de cabaret, un mauvais garçon séduisant ou des pionniers, autant de figures mythiques caractéristiques de la mythologie américaine. A tous ces protagonistes, le cinéaste insuffle une grande humanité qui donne à ce film sa profondeur et le teinte de quelques éclats d’humour. C’est d’ailleurs une sorte de conte de fées moderne auquel il nous convie ici, qui pourrait s’appeler la fille de la ville et l’homme des champs.

Je ne peux que vous encourager à vous plonger dans cette cinématographie à la fois emblématique de cette époque et très originale dans le même temps.

FB