C’est pour moi un plaisir incomparable de découvrir de nouveaux artistes, qu’il s’agisse de cinéastes, de peintres, sculpteurs ou musiciens ou autres artistes.
Samedi dernier, il faisait un temps splendide à Paris, la pluie et le temps gris ayant conclu une trêve avec le ciel bleu l’espace de quelques jours. De quoi entraîner la population de la capitale dans de longues promenades ensoleillées, moi y compris. J’ai fait route vers la rive gauche, pour me rendre au Collège des Bernardins, un centre culturel catholique qui cherche à promouvoir les liens entre religion et société au travers de manifestations diverses, notamment de très passionnantes expositions.
Une image entrevue sur leur site m’avait laissée admirative, devant sa splendeur mystérieuse et subjugante.
Dans cette immense salle gothique, ponctuée par la blancheur des fines colonnes dans le soleil finissant de l’après-midi, j’ai vu la beauté en face dans les œuvres d’Augustin Frison-Roche (je n’ai pas pu retrouver de lien généalogique avec le grand écrivain de la montagne, Roger Frison-Roche, je suis pourtant persuadée qu’il existe).
Né en 1987, il a pris un chemin de traverse après de solides études littéraires pour rejoindre le domaine de l’art religieux. Depuis 2010, il met son art au service de la spiritualité, ornant églises et opéras de ses œuvres oniriques. Vous pouvez entreprendre un pèlerinage à sa poursuite, de Saint-Malo à Bordeaux, en passant par Chartres, Blois et Albi, une belle idée de voyage.
Je ne connais que l’itinéraire géographique et le CV très factuel qu’il affiche sur son site, je suis fascinée par son itinéraire spirituel, qui m’apparaît au gré de ses œuvres. Je ne sais pas s’il est Catholique, mais il est facile de deviner qu’il est croyant, il croit dans le mystère du Monde, de ses origines sacrées, qu’il fait vivre devant nous comme autant de contemplations.
« Épiphanies », le nom de l’exposition, nous dit déjà bien des choses sur ce que nous allons voir, une apparition et une révélation à nous-mêmes.
La première série « La forêt était devenue une immense basilique », est placée sous l’égide de Karl Huysmans, écrivain français converti au Catholicisme.
« La forêt tiède avait disparu avec la nuit ; les troncs d’arbre subsistaient mais jaillissaient, vertigineux, du sol, s’élançaient d’un seul trait dans le ciel, se rejoignaient à des hauteurs démesurées, sous la voûte des nefs ; la forêt était devenue une immense basilique, fleurie de roses en feu, trouée de verrières en ignition (…) Le génie du Moyen Âge avait combiné l’adroit et le pieux éclairage de cette église, réglé, en quelque sorte, la marche ascendante de l’aube, dans ses vitres ».
Il y a ici bien des réminiscences d’artistes anciens, Gustave Doré, Gustave Moreau, les Pré-Raphaélites anglais, dans la délicatesse des motifs et l’onirisme qui habite l’ensemble. Mais l’artiste se souvient aussi de tout ce patrimoine religieux occidental des temps passés, dont il convoque l’or et la couleur. Bien qu’ayant choisi le bois dense et compact comme support, il nous donne à voir une transparence somptueuse, où les motifs s’entremêlent en plans successifs. C’est magnifique.
Au fil de ma déambulation, j’ai senti mon cœur exulter devant ces toiles de plus en plus émouvantes.
La somptuosité des Noces de Canaa (2024), où le rouge (du vin ?) et l’or sacré saturent la toile à l’instar de ce vin qui coule sans s’épuiser.
Et j’en viens pour finir à une série de toiles sur la Genèse, qui illustrent les premiers jours de la création – je vous laisserai découvrir les autres œuvres par vous-mêmes.



Elles ont une beauté antique et pleine de mystère, et nous font ressentir la grandeur et la ferveur de ce moment hors du commun dans l’histoire religieuse de l’Humanité. J’ai adoré la délicatesse des motifs entrelacés, la splendeur des coloris et toute la spiritualité qui se dégageait de cette série de tableaux. Avec une différence de textures pour distinguer le monde réel du monde sacré, le réalisme concret des animaux et des humains s’opposant à la lumière éthérée des anges et autres habitants de l’univers divin.
C’était tellement incroyable de croiser cet univers somptueux et empli de ferveur.
Je suis repartie croiser Notre-Dame sur mon chemin du retour, la tête emplie de magnificence.
FB







C’est magnifique en effet ! Il y a je ne sais quoi qui m’évoque certaines œuvres d’Odilon Redon, sur lequel Huysmans avait d’ailleurs écrit.
Belle découverte.
Bien vu ! Un autre peintre symboliste à qui le comparer, c’est tout à fait juste.
Merci pour ton commentaire.
Et si tu es (ou que tu passes) à Paris, n’hésite pas à faire un tour au Collège des Bernardins 😊
Je n’hésiterai pas. Mais ce n’est pas prévu dans les jours prochains. Direction Frankfurt ! 🇩🇪
Pour le cinéma ?
En tout cas, bon voyage 👋
Non, tourisme pur et simple.
Merci. 🙏