Pékin – Musée de l’agriculture (2023)

La saison automnale est en train de glisser vers l’hiver, qui balaye la ville de ses vents glacés et nous offre ces somptueux ciels cobalt. Une bonne occasion pour s’habiller chaudement et partir arpenter les alentours en respirant cet air pur et vivifiant.

Je suis allée voir un petit musée, ignoré des guides et peu connu par les locaux, comme j’ai pu le vérifier ensuite, vous commencez à me connaître, je suis curieuse et les années Covid m’ont appris à profiter de petites choses qui peuvent embellir une journée de fin de semaine.

Une grande exposition est en cours, mais ce n’est pas mon but d’aujourd’hui

Car c’est dans l’enceinte du Centre d’exposition de l’agriculture 农业展览馆 dédié à tout types d’expositions, que le Musée est abrité, au sein d’une architecture monumentale qui puise son inspiration dans les canons de l’ancien temps.

Intéressant bâtiment monumental, fusion d’époques

Et qui n’oublie pas d’être nationaliste pour frapper le visiteur qui entre dans le lieu, avec ces deux groupes de statues guerrières.

Celle à droite du centre
Et son alter ego à gauche, on ne s’y frotterait pas dans la vraie vie

Le musée n’est pas très connu ici, l’attention étant concentrée sur les expositions temporaires et j’ai dû me renseigner plusieurs fois pour le trouver.

Et le voilà

C’est un musée finalement modeste, eu égard à l’importance de l’agriculture en Chine, qui reste actuellement le premier producteur au monde de bien des denrées, telles que le blé, les volailles ou encore le porc et dont les racines sociétales sont profondément ancrées dans le monde agricole.

A l’entrée dans l’édifice où je croiserai tout au plus une dizaine de personnes (dont aucun étranger), cette sculpture impressionnante nous accueille.

Allégorie des travailleurs de la terre, dans une esthétique bien communiste

C’est un endroit qui se visite rapidement, mais qui offre bien des beautés. Il se veut pédagogique, reconstituant des scènes agricoles au fil des âges (elles intéressent beaucoup le jeune public).

Mannequins criant de vérité, tentant de labourer la terre, sur fond peint
La référence à l’oppression des riches reste vivace dans ces mises en scène

Le fait d’être presque seul ici est un luxe, il est possible de paresser dans les salles, laissant l’atmosphère muséale, qui a quelque chose de bien à elle, s’emparer de nous.

Une vue d’ensemble des lieux et du cheminement sinueux entre les vitrines

En plus d’être un espace dans lequel on se sent bien, le musée n’oublie pas sa fonction première et présente des objets de grand intérêt. Comme dans bien des musées chinois, pas de référence chronologique, il faut prendre les objets comme ils sont, pour leur signification et leur esthétique sans repère de temps. J’ai même douté au début de leur authenticité, jusqu’à ce que je vois de ça de là des mentions « replica », ce qui m’a conduite à penser (avec une puissance déductive dont je suis très fière 🙂 ) que les autres objets présentés devaient être des originaux.

Au gré du chemin, dans un parcours pédagogique (en chinois), qui nous présente les différentes avancées de l’agriculture, nous voyons des ustensiles utilisés dans les travaux des champs, dont certains sont étranges, presque poétiques.

Outil utilisé pour enlever les mauvaises herbes
Vol de charrue dans une vitrine, on dirait des oiseaux
Paniers pour vers à soie

J’ai particulièrement apprécié l’ingéniosité de ces objets construits à partir de presque rien pour se protéger de la dureté du travail agricole.

Pour protéger le visage
Pour protéger les bras
Et un masque en soie pour protéger le cheval

A côté de cette classique exposition d’objets du quotidien agricole, le lieu nous présente d’autres très belles pièces, des objets qui nous racontent l’agriculture (au sens large du terme), c’est ce que j’ai préféré ici.

J’ai par exemple craqué pour ces poissons, hors d’âge je pense.

En bronze
En jade, dans une ronde pleine de beauté

Mais aussi ces moments de la vie agricole saisis dans la glaise, très émouvants.

Une porcherie avec pigeons
Des semeurs

Les animaux sont aussi bien représentés ici, ils font partie de l’univers de ces paysans.

Un chien (de garde, on s’en doute à le voir)
Un coq

Enfin, certaines figurines sont de vraies oeuvres d’art, tels ces charmantes dames.

Deux servantes en poterie noire

Ou encore ces chameaux, qui venaient de l’ouest jusqu’à la capitale pour apporter des denrées agricoles.

Chameau en poterie trouvé dans une tombe

Après avoir fini ma visite, je suis partie voir le lac qui borde l’arrière de l’espace de l’exposition, passant sans transition d’une nature figée dans ce musée pour une autre, bien vivante en bordure du bâtiment.

Dès ma sortie, je suis accueillie par l’explosion de couleurs de ces gingkos, qui se sont parés de leurs habits jaunes. Ils font l’objet d’une vraie dévotion à Pékin, nombre de gens vont les voir dans des endroits bien précis, presque en pélerinage annuel et il suffit d’éviter ces lieux d’affluence pour être seul(es) à les contempler dans toute leur splendeur.

Sur le bleu du ciel, ils font un contraste incroyable

Le jardin du musée, que je parcours pour arriver au lac, est ponctué de statues de bronze, montrant des paysans dans leurs gestes quotidiens. Je dois dire que c’est assez spectaculaire.

Et puis le voilà, ce lac méconnu, caché derrière ce lieu si monumental qu’il le ferait presque oublier. S’il n’a pas la grandeur des lacs Houhai et Beihai, il est tout de même bien beau, sublimé par cette beauté de la lumière d’automne.

Avec les gratte-ciel de CBD à l’horizon

En faire le tour permet de jouir de ces incroyables couleurs.

Vue d’un pont moderne aux allures anciennes

Toute une faune volatile et aquatique vous attend ici, il faut prendre le temps de la rencontrer.

Cygnes noirs
Oies à tête de lion, canards mandarins et canards colvert
Couple

Une promenade à tiroirs dans la nature, bien intéressante.

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