A Pékin, c’est officiel, l’hiver est arrivé, abruptement, comme chaque année. Un vent glacial et puissant, venant du nord, a balayé la capitale, lavé le ciel, pour nous donner ces incroyables lumières, offertes aux plus courageux d’entre nous. Cela a été mon cas, après avoir enfilé une panoplie digne d’affronter un ressenti -6°, je suis allée visiter pour la deuxième fois l’ancienne résidence de Song Qing Ling, veuve de Sun Yat-Sen.
Et cela tombait parfaitement bien, car le lendemain 12 novembre, était l’anniversaire de Sun Yat-Sen (1866-1925), dit le Père de la Chine moderne, créateur de la République de Chine en 1912, dont il sera le premier Président. Quoi de plus adapté que d’aller rendre visite à la résidence de sa veuve.
Issue d’une famille du sud de la Chine, Soon Ching Ling (1893-1981) et ses deux soeurs sont célèbres dans le pays, pour leur fortune et aussi pour leurs beaux mariages (sa soeur cadette épousera Chang Kaï Chek et sa soeur aînée un riche homme d’affaires).
Après la mort de son époux, elle va prendre des responsabilités politiques de plus en plus importantes, d’abord au sein du Kuomingtang, puis après la défaite de ce dernier, dans les instances de la toute jeune République populaire de Chine.
Gravissant les échelons, elle deviendra Vice-Président de la République en 1959 et accueillera, y compris dans sa maison, de très nombreuses personnalités politiques étrangères.
Après avoir vécu à Nanjing, à l’étranger (U.R.S.S. et Hong-Kong) puis à Chongqing et Shanghai, elle s’établira à Pékin dans cette maison en 1963 et ne la quittera pas jusqu’à sa mort en 1981. C’est une femme très connue en Chine, une femme considérée comme puissante et, comme me l’ont confirmé certains collègues, très élégante et pleine de classe.
A l’origine, l’ensemble dans lequel elle a vécu est un palais de l’époque Qing, construit à la fin du XVIIe/début XVIIIe siècle, qui a ensuite été offert en 1888 au Prince Chun, père du dernier empereur, Puyi. Avant d’être proposé à Soon Ching Ling, il s’est vu adjoindre une aile sur deux étages, qui deviendra la maison de cette dernière.
L’ensemble fait près de 20 000 m² et comprend un cours d’eau et un lac, des jardins et des escarpements comme les aiment les gens d’ici.
Dans cette lumière magnifique de l’automne tombant, ces structures chinoises de l’ancien temps se révélaient dans toute leur beauté.
Avec le miroitement de l’eau alentour, pour les magnifier.
A l’ouest de la propriété se trouve le Pavillon en forme d’éventail, construit en hauteur, comme une sentinelle qui veille sur le lac Houhai.
En cheminant, je croise le Pavillon pour écouter la pluie, malgré son air très classique, j’ai beaucoup aimé ce nom.
Au faîte d’une petite colline (dont l’ascension vous prend à peu près trois minutes) se trouve le Pavillon des joyaux, un endroit où il fait bon se poser à l’ombre des pins.
Ici aussi, les arbres ont vieilli en paix, laissant passer les ans sur leur structures noueuses.



Le corps principal de la maison, que Song Qing Ling a habité pendant toutes ces années, est effectivement plus moderne.
A l’intérieur, nous voyons ces pièces qu’elle a habitées et qui ont été laissées à l’identique. Un voyage dans le temps qui nous permet de l’imaginer quand elle vaquait à ses occupations quotidiennes.
Après cette visite, qui m’a fait voir en accéléré un bout d’histoire de ce pays, entre époque Qing et époque communiste, je me suis attardée dans les jardins pour profiter de l’improbable beauté de toute cette lumière.
En repartant, j’ai fait un hommage au Lac Houhai qui resplendissait dans le soleil tombant.
FB














Très belles photos d’une demeure chargée d’histoire? Au moins, ces dames n’avaient plus les pieds bandés ! <merci à vous, bonne suite d'automne même froid – en vêtements matelassés ? Amicalement 🙂
Bonjour, oui maintenant il fait plutôt 0° C en journée et -5/6 la nuit. Merci pour votre commentaire. Bon courage pour l’hiver