Après mon voyage presque immobile dans ce train qui m’a conduite de Xining à Lhassa, avant de vous faire découvrir la ville, où j’ai passé la majorité de mon séjour, je vais vous entraîner dans une excursion que j’ai faite au Lac Namtso. Cette presque mer salée de 70 kilomètres sur 30 est un des quatre lacs sacrés du Tibet, c’est, parmi les grands lacs, plus de 500 km², le plus haut du monde, à 4718 mètres d’altitude. Voilà pour les chiffres !
Partie pour un trajet en voiture estimé à 5 heures aller-retour depuis Lhassa, j’ai finalement mis le double, incertitude des choses ici, il faut s’habituer…
Un premier arrêt sur la route me permet de prendre la mesure du vent qui agite tout l’horizon à plus de 4000 mètres d’altitude, le bleu du ciel se fait presque impénétrable et le soleil bien vigoureux à 10 heures du matin. Je vois ces hautes montagnes, à plus de 7500 mètres, les Monts Tanggula que nous longeons depuis ce matin et qui abritent entre autres la naissance du fleuve Yangtze, le plus important d’Asie.
Au long de ma route ensuite, je croise des habitats dispersés (la majorité du pays est vide, cela change de ce que j’ai vu jusqu’alors) et pourtant bien industrialisés. Dans l’habitacle de cette voiture qui m’emporte vers ma destination, je me fais reporter de ce qui m’entoure (excusez les reflets sur les vitres).
Nous affrontons ensuite des lacets sinueux qui nous emmènent vers les hauteurs. Jusqu’à atteindre le col le plus haut que nous croiserons dans notre aventure, à 5200 mètres.
Le lac apparaît en contrebas, c’est étrange de me dire que je suis à une telle altitude, et même si je ne peux encore toucher les nuages, ils me paraissent plus proches, comme de nouveaux amis. La chaleur se fait intense, les Chinois ont revêtu leurs tenues anti-soleil (voir un article sur mon site), j’affronte l’astre céleste avec mon écran total habituel, nous verrons bien.
Evidemment, nous sommes en Chine, donc tout site touristique qui vaut le détour s’accompagne d’immenses parkings et d’une entrée spectaculaire, sûrement pour frapper les esprits et inspirer le respect. A 4000 mètres d’altitude, dans ce pays vaste et sous-peuplé, il est sûr que cet imposant bâtiment atteint son but.
C’est là que j’ai saisi le vrai rite de l’oxygène. Que l’on me comprenne bien, il est sûr que certaines personnes souffrent des inconforts de l’altitude, parfois jusqu’à en être malades. Mais ici cela prend des allures de consommation, comme un « it-oxygene kit » qu’il faut avoir pour être tendance (j’ai vu dans la navette un homme inhaler de l’oxygène toutes les minutes à grands renforts de halètement, ce pendant 40 minutes ; j’espère qu’il s’en est sorti). Car aucun conseil médical n’accompagne ces transactions finalement purement commerciales.
Après avoir fait la queue dans cet immense (et incongru) espace surdimensionné, j’ai pris un bus pour (enfin) atteindre le lac, encore quarante minutes de trajet que j’ai mises à profit pour explorer l’horizon.

Et puis, descendue du bus et ayant zigzagué pour éviter les vendeurs à la sauvette, je le vois, enfin ce lac, ourlé de bien des mouettes attirées par les touristes.
Il est tout simplement spectaculaire…
Il ressemble à une mer, des vagues viennent frapper son rivage, son immensité se déploie jusqu’à l’horizon (et en plus, comme déjà mentionné, il est salé).
Evidemment, malgré ce que les clichés ci-dessus pourraient faire penser, je ne suis pas seule, je suis dans un site touristique chinois où il faut créer du divertissement (payant, bien sûr).

Après la promenade à cheval, vous pouvez acheter des snacks à donner en pâture aux mouettes.
Et, plus gênant de mon point de vue, ces pauvres yacks blancs, au demeurant magnifiques, alignés le long du rivage par des marchands qui monnayent des photos sur fond de lac et montagne.
Accompagnée de mon guide, j’ai tourné le dos au lac pour aller visiter un très petit temple creusé dans la montagne, qui abrite nombre de grottes où des disciples de la secte Ningma se sont retirés pour méditer. Le lac et les alentours sont un lieu sacré pour les gens d’ici.
J’ai vécu là un moment hors du temps en rencontrant le moine qui gardait seul ce sanctuaire face au lac et aux montagnes, vivant une vie bien simple dans cet endroit isolé, bien loin des préoccupations des touristes qui hantaient les abords de son lieu de vie. Grâce à mon guide tibétain, nous avons même discuté des similarités et des différences entre Christianisme et Bouddhisme. Il m’a offert une écharpe de bienvenue tibétaine et un petit sachet de terre sacrée du lac, à dissoudre, m’a t-il dit, dans le thé, pour une vie meilleure. J’ai ici saisi à nouveau toute la dimension religieuse de ce pays.
J’ai ensuite visité un autre temple, toujours de la secte Ningma, de cette couleur rouge caractéristique. Un endroit simple qui prolongeait ma visite précédente, j’ai vu un moine jouer au football avec des enfants dans des éclats de rire, des moinesses au crâne rasé sortir pour aller vaquer à leurs occupations… Un petit échantillon de vie bien décalé et indifférent aux flots touristiques alentours.
Adossé à la montagne, presque fusionné avec elle, il m’a accueillie dans cette explosion de couleurs caractéristique que je vais retrouver partout ici.
Dans l’allée que j’emprunte pour rejoindre la navette, les pas se font lourds.
J’ai le temps de croiser cette stupa aux abords du lac. Ces édifices, d’après mon guide, sont des lieux religieux dont il faut faire le tour, toujours dans le sens des aiguilles d’une montre, pour la bonne fortune. Parfois les autochtones se rassemblent et créent une chaîne de prière autour de la stupa.
Avant de reprendre la route, nous faisons une halte bienvenue dans un restaurant plus que local, familial où je déguste (le mot est un peu fort, je n’ai pas été impressionnée par la nourriture d’ici) un plat de riz à la viande de yack agrémentée de thé noir salé (là je n’ai pas pu, je l’avoue).
Mon guide m’initie à un jeu de dés très compliqué, le « Cho », qui se joue avec des dés, des coquillages et des pièces, mais dont le but est que celui qui perd boit (ici du thé, le plus souvent de la bière).
En repartant pour mon (long) trajet de retour, je contemple les montagnes qui dessinent des horizons mouvants dans leur dialogue avec les nuages.
Un endroit dont je me souviendrais.
FB







































Merci pour ce magnifique et passionnant récit.
Avec plaisir !
Une fois de plus, je suis emporté ! Un dépaysement total dans un lieu qui semble surgir d’autres temps. De ces photos émane une grande beauté mais aussi une énergie spirituelle assez frappante.
Je comprends à quel point ce voyage sera inoubliable.
🙏
Encore un voyage dépaysant. Merci beaucoup. 😀