La politique « zéro covid dynamique » mise en place par la Chine pour lutter contre le Covid-19, a pour arme de destruction massive le test PCR. Depuis quelques mois (à Pékin depuis avril), il faut faire un test PCR tous les 3 jours pour avoir un pass sanitaire donnant accès à toutes les aménités (métro, bus, magasins, restaurants et autres), comme dans la majorité des grandes villes (où vous pouvez être requis de faire un test tous les jours). Si par hasard votre pass sanitaire n’est pas à jour, vous serez comme un pariah, exclu de tous les lieux publics (vous pourrez bien sûr arpenter les rues, mais c’est tout – ça m’est arrivé).
En termes économiques, l’équation est désastreuse. Un test PCR coûte environ 1 euro, juste pour Pékin, avec ses 21 millions d’habitants, cela nous amène à 7 millions d’euros par jour.
Vient ensuite le financement des stands de test, environ 4 personnes par stand, 10 000 stands en service quotidiennement dans la ville, rémunération moyenne 200 euros par jour, soit 8 millions par jour (ce ne sont que des ordres de grandeur). Et cela dure depuis avril.
Donc si je reprend mon calcul bien approximatif, je le sais, cela donne, pour Pékin :
- En tests PCR : un milliard d’euros
- En rémunération des personnes : un milliards deux cent millions d’euros
Il faut maintenant extrapoler ce chiffre, qui concerne 21 millions de personnes à environ 400 millions d’urbains qui sont sous le même régime, parfois depuis le début de l’année (Shenzhen par exemple, environ 20 millions d’habitants). Je vous laisse faire le calcul, je sais que les matheux vont s’en donner à coeur joie !
Ce procédé a récemment été étendu à d’autres formes de vie (parfois mortes…) et c’est ce que je veux partager avec vous aujourd’hui. Dans l’Ile de Hainan, au sud de la Chine, une vague de Covid-19 s’est abattue sur les habitants (et les dizaines de milliers de touristes, dont bien des étrangers) depuis début août, les forçant à un confinement sans fin. Les déclarations officielles ont mis l’accent (comme d’habitude) sur le fait que l’épidémie était issue de pêcheurs étrangers (je me demande encore comment ces gens, ces filous ont réussi à arriver en Chine sans quarantaine !). S’en est ensuivie une campagne de tests PCR totalement absurde, dont je vous livre ci-après les « screen-shots » (je ne peux pas faire suivre les vidéos, dommage pour vous), qui a fini par gagner d’autres villes maritimes.
Comme on dit en anglais « It made my day », tellement j’ai ri (il faut bien de la distanciation et de l’humour pour survivre ici). Désolée pour vous, je ne peux pas transférer les vidéos qui sont énormes.
Allez, une petite dernière pour la route, le test PCR des pousses d’ail…
FB
Merci pour ce reportage d’actualité ! Je n’en crois pas mes yeux : c’est bien de l’humour ? Ici, c’est l’opposé, un chauffeur de taxi m’a dit qu’il avait eu le covid en mars… et continué à travailler. Money, money, money ! Bonne fin de semaine- amicalement 🙂
Non ce n’est pas de l’humour, c’est la réalité et elle est quand même bien drôle !
Il semble en effet que la psychose COvidienne en Chine prenne un tour surréaliste. Je comprends néanmoins les infinies précautions des autorités qui doivent contenir un virus susceptible de gagner à nouveau l’ensemble de la population. Et quand on sait la dimension phénoménale de cette population chinoise, ça en devient effrayant. Aussi effrayant que ce qu’on a pu voir jusqu’ici, jusqu’à ces tests sur les poissons ou des pousses d’ail, jusqu’à ces appels au calme par drone à une population confinée en appartement qui meurt de faim. Cela nous renseigne aussi sur la confiance des autorités envers l’efficacité de leur vaccin…
Merci encore pour ce reportage édifiant.
Oui c’est totalement surréaliste, comme tu le dis, je convoque alternativement les Monty Python et Kafka pour essayer de décrypter toute cette absurdité. La principale clé de lecture est de comprendre que personne ne veut être responsable d’un problème, donc on superpose les mesures jusqu’à l’absurde pour se couvrir, montrer que l’on a tout fait pour éviter ce problème. Ainsi, si tu rentres dans un centre commercial, tu scannes ton pass sanitaire et si tu vas dans un restaurant à 50 mètres, tu re-scannes, parce que le propriétaire du centre commercial et celui du restaurant ont besoin de se protéger tous les deux. Evident, non ?
Chez nous cette fuite de responsabilité existe aussi à un degré moindre. C’est un frein à l’initiative, et cela tue l’esprit de fantaisie.