Je voudrais tout d’abord vous livrer mon journal de bord. A Pékin, si nous ne sommes pas (encore ?) dans la situation de Shanghai, en confinement strict depuis presque deux mois, les mesures annoncées quotidiennement depuis la reprise en main fin avril de la gestion de la pandémie nous mettent de plus en plus en contrainte.
D’abord, des campagnes massives de test depuis le 25 avril et, comme je l’ai déjà expliqué, des points « de campagne » (en référence aux hôpitaux du même nom), ont fleuri dans toute la capitale. Ensuite la fermeture progressive de bien des services. Les restaurants, les bars puis les musées, les théâtres et salles de concert, les écoles bien sûr dès l’origine. Dans mon immeuble, le club de sport a fermé et le service de blanchisserie également (cherchez la logique… ). Les commerces restent ouverts, ainsi que bien des parcs (mais certains ont fermé et pour les autres il est plus prudent de réserver et de présenter un test PCR de moins de 48 heures). Les agences de voyages qui nous permettaient de faire des excursions d’une journée dans la ville, puisque nous avions renoncé à quitter Pékin, ont reçu l’ordre d’arrêter leurs activités également. Et le travail à distance est devenu la règle dans certains quartiers, dont celui où je travaille. Avec des incitations très fortes des autorités à ne pas venir au bureau. Comme d’habitude, nous sommes en Chine, il n’est pas vraiment question d’interdiction, mais si vous allez au bureau, vous devez signer un document expliquant pourquoi vous avez vraiment besoin de venir là , vous devez justifier d’un test PCR négatif de moins de 48 heures et, nouveauté du jour, justifier de tous les tests PCR que vous avez réalisé depuis le 5 mai. Des contraintes fastidieuses pour vous décourager… On pourrait aussi bien vous demander de répondre à des énigmes, de faire des épreuves de cross-fit et autres joyeusetés, si cela pouvait vous prévenir de rejoindre votre lieu de travail. Message reçu !
C’était pour la note d’ambiance actuelle. Nous espérons en sortir bientôt sans subir le sort de Shanghai. La baisse drastique du nombre de cas dans le pays ajoutée au contrôle du nombre des cas dans la capitale nous laisse espérer. Et nous pouvons toujours sortir pour aller voir certains de ces magnifiques parcs qui explosent dans leurs floraisons.
Je voulais en profiter ici pour vous parler, au travers des livraisons de nourriture qui deviennent le quotidien de ceux qui ne cuisinent pas (ici cela m’arrive de me préparer à manger, mais pas autant qu’en France, j’avoue, il me manque bien des ustensiles), de la divergence entre la nourriture d’ici et la nourriture occidentale (西餐). Vous pouvez bien sûr commander sur des sites chinois (美团, meituan, le plus connu) de la nourriture chinoise, plutôt équilibrée, viande en sauce légère plus riz plus légumes le plus souvent (j’y ai fréquemment recours et je peux ainsi découvrir ce que l’on mange dans le Guizhou 贵州, dans le Sichuan 四川 ou le Yunnan 云南, mes cuisines préférées jusqu’ici. Cela me permet de voyager à peu de frais.). Ou alors vous laisser tenter par la nostalgie de votre monde occidental.
Et c’est là que tout bascule… Car s’il existe quelques restaurants français, huppés et très chers, ce qui est défini ici comme nourriture occidentale est plutôt représenté des plats plutôt orientés U.S., hamburgers, grosses grillades avec frites, profusion de saucisses, avec quelques incursions bien caloriques vers d’autres continents (pizzas ou nachos et fajitas surchargés de fromage). J’exagère, car il est toujours possible de dénicher une ou deux salades sur la carte, elles se sentent pourtant bien seules dans tout cet océan de fromage, pain et viande.
Sortir ici avec des expatriés revient à affronter des milliers de calories autour d’un verre de bière. C’est au demeurant très sympathique, les lieux sont chaleureux, reconstitution de pubs de notre Occident le plus souvent. J’ai passé bien des soirées agréables dans ces endroits avec des gens très intéressants, je ne veux cibler aucun d’entre eux, juste expliquer le système. Je pense aussi que c’est pour nous une sorte de madeleine de Proust, retrouver le goût de certaines choses que l’on ne trouve pas ici, par exemple la charcuterie et le fromage.
Car dans ce pays où les Chinois sont plutôt tous minces – même si la malbouffe finit par en toucher certains-, les Occidentaux trimbalent presque tous des kilos en trop, ce qui se comprend bien (à noter que ceux qui arrivent à rentrer en France pour de longues périodes vont eux aussi de déjeuner amical en dîner familial avec bien des petits plats de notre facture, ce qui ne contribue pas à soulager l’IMC !).
Je voudrais ici faire une parenthèse, car j’ai pu voir des articles et des vidéos qui traquent l’obésité en Chine, prédisant que le fléau progresse à grande vitesse. Je ne sais pas dans quelle Chine sont allés ces reporters, en tout cas à Pékin, je n’ai jamais vu autant de personnes minces. Je pense que nous pourrions commencer par nous préoccuper de l’obésité galopante en France où presque une personne sur deux est en surpoids, avant d’aller la chercher là où elle n’existe pas.
Revenons à la nourriture occidentale en Chine, je voulais illustrer ce point en vous montrant les offres de livraison à domicile proposées sur les sites d’actualité en anglais fréquentés par les expatriés. Notons que les prix sont à l’avenant, manger occidental cela se paye (ce qui me paraît normal, vous ne venez pas en Chine pour manger du saucisson – si vous voulez calculer en euros, divisez par 7,2). Vous noterez que nous sommes dans un pays plein de ressources, où même les institutions huppées sont capables de développer une offre de livraison à domicile en peu de temps. Et cela vous donnera une idée de l’offre en termes de nourriture « occidentale ».








Dans cette période de travail à distance imposé, où par définition nous avons plus de mal à faire les 150 à 300 minutes d’activité modérée par semaine, un peu de modération sur la nourriture serait bienvenue, comme nous le rappellent ces deux artistes.
FB
Merci une fois de plus, c’est fort intéressant. Patience pour sortir de la pandémie et des diverses crises. Amicalement
Je comprends que la question de la nourriture dans un pays aussi peuplé que la Chine est véritablement cruciale, et dépasse même la question culinaire. On constate en cette période pandemique, à la lumière des mesures prises par les autorités, qu’elle est véritablement au cœur des préoccupations. Ce reportage très appétissant y participe sans aucun doute.
Merci et bon appétit.
Courage ! On pense fort à toi, énorme bisous