Au sein de l’exposition « Amazonia », que l’on peut voir actuellement au Musée du Quai Branly à Paris, j’ai découvert deux séries d’œuvres photographiques de la brésilienne Emerson Munduruku, plus connue sous le nom d’Uyra. Appartenant à l’ethnie Munduruku, elle est née en 1981 dans un milieu très modeste et s’est lancée dans des études poussées de biologie avant de se mettre en pause pour développer une œuvre basée sur la défense de l’environnement principalement en Amazonie.
D’abord drag queen, elle se définit désormais comme trans non-binaire ; brouillant les lignes entre les humains et la nature, entre les genres et entre les classes sociales du fait de son histoire personnelle, il/elle invente un art très original à la croisée de toutes ces catégories.
La première série de photographies, « Mil mortes » (2018) le montre en tenues traditionnelles des Indiens, coquillages sur les yeux, immergé dans les igarapès, ces petits cours d’eau qui parcourent la ville de Manaus, aujourd’hui tellement pollués qu’ils véhiculent des maladies (diarrhée, leptospirose, hépatite et maladies de peau). C’est comme une métonymie de ce qui se passe en Amazonie, ce poumon du monde peu à peu gangréné par les appétits humains.
Son oeuvre s’insère parfaitement dans l’exposition, qui nous dit l’importance de la nature pour les populations indigènes d’Amazonie et comment l’humain s’inscrit de manière très différente de la nôtre dans son espace naturel. Ici les esprits tutélaires peuvent être des serpents, des jaguars ou des tatous, l’homme doit gagner son statut d’être humain, pour exister dans le monde, au travers d’épreuves successives (par exemple, pour les garçons, supporter un pectoral d’abeilles sans broncher, pour acquérir le don du tir à l’arc). Il faudra ensuite apprendre à vivre en proximité de ces déités animales qui sont légion, à respecter les rythmes de la nature nourricière pour en tirer de quoi vivre.
La deuxième série de photographies, « Retomada » (Reprise), réalisée à Manaus en 2021, m’a éblouie. J’ai ressenti presque physiquement la beauté des mises en scène, ces créatures plus tout à fait humaines qui se fondent dans la nature comme pour accompagner ses révolutions. La beauté des images, ces silhouettes tellement grimées qu’elles disparaissent presque, parées des attributs des ancêtres, tout cela a contribué à mon coup de cœur.
Quand surgit la civilisation à l’horizon, il faut user de subterfuges, faire confiance à son corps pour grimper, escalader, se cacher, jusqu’à tout recommencer pour se fondre dans ce nouvel environnement.
C’était une rencontre fugace et magnifique. Je vous invite à explorer plus de l’œuvre de cet artiste très original, et je vous mets ci-dessous une vidéo pour aller plus loin.
FB








Stupéfiant ! Je suis totalement subjugué par le rendu de ces photos, l’étrangeté qu’elles dégagent. Je note, à voir absolument.
Merci 🙏