« Qui trop embrasse mal étreint » (dicton populaire)
Prenez une rivalité entre un shérif et un maire dans une bourgade du sud des Etats-Unis, faites monter en pression. Ajoutez un contexte de Covid-19, quelques pincées d’affrontement entre ceux qui portent les masques et ceux qui refusent, mélangez bien, et pour plus de saveur, n’hésitez pas à avoir la main lourde sur le conspirationnisme ambiant ; diffusez lentement la mixture via les réseaux sociaux. Laissez mijoter, en ajoutant pour le piment, un SDF alcoolique, quelques manifestations en faveur de George Floyd (assassiné en mai 2020 par un policier), un gourou beau de sa personne et plusieurs histoires d’amour déçu qui relèveront l’ensemble, celle du shérif et de sa femme qui coud des poupées horrifiques sous l’œil méchant de sa mère et, pour la fraîcheur de la recette, celle de deux jeunes fauchés dans leur brillant avenir. N’hésitez pas à ajouter une pincée de pédophilie, cela fait toujours son effet. Monter le feu sous la mixture jusqu’à l’explosion finale, meurtres, course-poursuite avec armes lourdes et drones, qui viendront couronner votre recette. Après 2h20 de cuisson, servez sans attendre.
Vous êtes déboussolé devant un plat si riche ? Et bien moi aussi. Je n’ai pas bien compris ce à quoi j’étais conviée ici, tellement le film ouvrait de possibilités sans finalement aller au bout de chacune. Une œuvre patchwork, où l’on passe du film noir au film social au film d’amour au film politique sans en bien comprendre les finalités, pour se retrouver à la fin dans un climax de violence que l’on ne comprend pas.
Rien n’est au rabais ici dans la réalisation, le cinéaste a mis les petits plats dans les grands, tout est parfait dans la mise en scène et il a convoqué des acteurs emblématiques, Pedro Pascal, Emma Stone et surtout Joaquin Phœnix, qui fait le show à lui tout seul, il est de toutes les scènes.
Il me restera une image intéressante de cette Amérique conspirationniste qui a élu Donald Trump ; cette petite bourgade excentrée dans le sud des États-Unis est parcourue, via les réseaux sociaux, de tout ce qui se passe dans ce grand pays, prenant au pied de la lettre ce que ces médias leur apportent. J’aurais aimé que le cinéaste aille plus loin dans ce sillon.
C’est finalement un film frustrant, qui m’a laissée sur ma faim.
Dommage
FB

Cette surabondance m’a plu bizarrement, alors qu’elle avait tout pour m’écoeurer. Aster procède comme pour le gavage des oies, tout doucement, ajoutant une louche supplémentaire à chaque séquence, un peu plus haut que le bord. Et il emballe le tout de si belles manière que je me suis laissé faire.
J’ai vraiment du mal avec les films d’Ari Aster. Mais, cette fois, j’ai l’impression que les spectateurs ouvrent vraiment les yeux sur les grosses coutures de son cinéma un peu (beaucoup) surévalué. 😉
Ah je suis soulagée 😅
J’avais peur de ne rien avoir compris, d’être restée sur le bord, je n’avais rien vu de ce cinéaste avant.
Tu as vu Midsommer ?