
Même en étant fan de certains jeux vidéo, je me méfie de leurs transpositions sur grand (ou petit) écran. C’est parfois réussi (« Prince of Persia » réalisé par Mike Newell en 2010) et parfois non (« Assassin’s creed » de Justin Kurzel, 2016). Car souvent la baston et l’action l’emportent nettement sur l’intérêt de l’intrigue, qui n’est pas ce que recherchent les joueurs en majorité.
La série a été commanditée par le Studio « Riot Games », créateur du célèbre jeu « League of Legends », sorti en 2009, pour célébrer son dixième anniversaire ; le Covid19 passant par là, la première saison n’est sortie qu’en 2021 (avec une saison 2 sortie en 2024).
Il y a bien sûr ici cet effet d’enchaînement de combats, entre des protagonistes qui acquièrent de plus en plus de force (de compétences et d’armes, dans l’univers du jeu), qui pourra peut-être lasser des non-joueurs.
Et pourtant, j’ai été happée par la beauté de ce que je voyais ; il faut dire que c’est un studio d’animation français, Fortiche Production, qui a passé plus de cinq ans à peaufiner la première saison (et à peu près autant pour la deuxième – je ne dis pas « seconde », car il paraît qu’un autre opus est en préparation). Budget pharaonique, à la hauteur du raffinement de ce que nous allons voir.
Nous allons suivre les aventures de deux sœurs, Jinx/Powder et Vi/Violet, la sombre et la solaire, au travers de l’affrontement entre deux cités, Piltover, la cité riche et radieuse en haut et Zaun, la ville du bas, cloaque où essayent de survivre les plus pauvres, toute une fange de société livrée à elle-même. Les deux sœurs vont être un catalyseur de cette lutte sans merci. C’est un schéma connu dans l’anticipation, dans les livres ou les films (citons dans la dernière catégorie « Elysium » (2013)), une hiérarchie entre des bas-fonds sordides où se presse les déshérités, qui essuient souvent les retombées chimiques/nucléaires/nocives d’une terre dévastée et un eldorado souvent blanc, pur et verdoyant où se sont réfugié les élites..
J’ai été fascinée, je pense que je n’avais jamais vu quelque chose de comparable avant. Décors et paysages d’une beauté presque miraculeuses, bleu du ciel, dorure des uniformes et blancheur des monuments de Piltover ; grouillance sombre et suintante de Zaun, ville sortie d’un imaginaire sous acide, plus fracassée encore que dans « Blade runner » (Ridley Scott, 1982, un de mes fétiches), où les seules couleurs pastel qui illuminent la noirceur des lieux sont l’œuvre désaxée de Jinx (voir plus haut si vous n’avez pas suivi 😉).
Il faut parler des personnages, qui s’émancipent franchement de leurs avatars de jeu vidéo pour revêtir de vraies personnalités. Difficile d’être insensible à celle de Jinx/Powder et à celles de tous ces êtres hybrides, qui sont faits d’amour, de haine, de rédemption et de trahison. Ils sont un régal pour les yeux, dans leurs costumes apprêtés jusque dans les moindres détails et surgis d’une imagination sans mesure.
Ajoutez à cela une bande son « qui déchire » genre techno rap (j’invente le concept) ou trap métal, musique puissante qui vous mettra l’adrénaline au top lors des scènes de combat.
Et puis, dans la période que nous vivons, cela fait du bien de voir la diversité promue par un studio américain, nous ne savons pas si cela durera.
J’ai adoré me perdre dans la somptuosité de cette animation.
FB
Coucou. Je regarde actuellement la saison 1 et effectivement l’animation est plutôt réussie et les décors somptueux même si je ne suis pas trop fan de l’esthétique Manga et de l’animation numérique aujourd’hui devenue la règle, pour des gains de temps et d’argent.
Le récit, classique pour qui aime la SF, se laisse agréablement suivre effectivement. Pas un coup de cœur, mais une bonne surprise. 🙂 😉
Parfaitement d’accord, récit classique et réalisation hors-norme.
La saison 2 est de même niveau.
Merci à toi