De Bong Joon Ho, cinéaste sud-coréen, j’avais beaucoup aimé « Parasite » (2019), qui avait reçu la Palme d’or à Cannes et l’Oscar du meilleur film ; cette histoire familiale angoissante et réjouissante à la fois m’avait convaincue.
Je suis donc allée voir le nouvel opus du cinéaste, « Mickey 17 », sorti presque cinq ans après. Je dois dire qu’au début, j’ai été accrochée par l’histoire, ce sous-homme qui est utilisé pour les tâches les plus dangereuses et qui est réimprimé chaque fois qu’il meurt, m’ayant intriguée. Et c’était également un grand plaisir de retrouver Toni Collette et Mark Ruffalo parodiant jusqu’à l’outrance leur rôle de couple dictatorial.
Mais pour le reste, comment dire ? Vous avez sûrement expérimenté cela : vous êtes devant un objet parfait, circulaire, où tout est au diapason, décors sombres et soignés jusqu’au moindre détail (ah, on sent que le chef décorateur s’est lâché sur l’antre somptueux du dictateur), acteurs au meilleur (Robert Pattinson très inquiétant nous donne une vraie performance), mais vous n’adhérez pas.
Car l’histoire, qui partait vraiment bien, s’effrite en cours de route pour devenir lisse et rejoindre les oeuvres d’anticipation « mainstream » – j’ai eu des flashs d’ « Interstellar » (Christopher Nolan, 2014), d’ « Elysium » (Neill Blomkamp, 2013), ou encore de « Premier contact » (Denis Villeneuve, 2016), tous films que je n’arrive pas à apprécier complètement, les trouvant trop démonstratifs et souvent lourds.
C’est exactement ce qui m’est arrivé ici, une pesanteur dénuée de poésie qui m’a renfoncée dans mon siège. J’ai quand même eu un moment de grâce, quand, lors d’un show de Mark Ruffalo, tout part en vrille dans une bataille homérique, rapide et jubilatoire. Et là, j’ai entrevu ce qu’aurait pu être ce film.
FB

Même déception de mon côté comme tu as pu le lire. Je trouve ce « Mickey 17 » nettement inférieur aux grands films de SF que tu cites (« Interstellar », « Premier Contact » et dans une moindre mesure « Elysium ») justement parce qu’il n’en épouse pas le souffle narratif, il n’en emprunte pas même la puissance émotionnelle (« Interstellar » et « Premier Contact »). Le film qui a coûté très cher à la Warner fait d’ailleurs un bide, ce qui n’est pas du tout une bonne nouvelle pour d’autres auteurs qui souhaiteraient encore obtenir les moyens de leurs ambitions sans se retrouver directement expédiés dans l’anonymat d’une plateforme.
Oui, tu as raison, je suis peut-être un peu dure avec les trois opus cités, mais je suis une grande nostalgique des films comme « Blade runner » ou « Total recall », plus originaux à mon sens. J’avais adoré « District 9 » de Neill Bloomkamp, et j’ai mesuré la différence quand « Elysium » est sorti, blockbuster lissé par la production hollywoodienne. J’ai vu la même chose avec « Le problème à trois corps », livre fascinant de Liu Cixin, subtilement remis aux normes « hollywoodiennes » dans la série sortie en 2024 (j’ai vu une saison et je me suis à nouveau jetée sur le livre). J’adore la SF et l’anticipation et ne trouve plus mon bonheur dans les films qui sortent.
Je comprends tout à fait ta déception avec Elysium, qui est toutefois porté par des thématiques très intéressantes. Je compte parmi les rares défenseurs de ce film pour lequel Blomkamp a tenté de conserver une mise en scène proche du documentaire, à l’image de « District 9 » mais avec des moyens beaucoup plus importants. Je ne l’ai pas revu depuis longtemps mais il me semble que c’est nettement moins raté que « Mickey 17 ».
L’anticipation n’a pas complètement disparu au cinéma, et on peut trouver son compte dans des films plus récents que « Blade Runner » tels « Bienvenue à Gattaca », « les fils de l’homme » ou « l’armée des 12 singes » dont j’ai parlé il y a peu. Pour une SF plus cosmique et métaphysique, je recommande le très beau « Ad Astra » de James Gray.