Une grande nouvelle a été relayée ces derniers jours dans la capitale chinoise, l’inscription de « L’Axe central de Pékin » au patrimoine mondial de l’UNESCO ; dans ce pays où l’histoire s’écrit parfois en forme de récit nationaliste, c’est une victoire incontestable.
Fondée sous la dynastie Yuan (1271-1368), quand Pékin s’appelait Dadu, cette voie s’étend sur près de 8 kilomètres du nord au sud. C’est un peu la colonne vertébrale de la ville, elle a le même pouvoir symbolique que la Seine à Paris (dont les quais sont également inscrits au patrimoine mondial) et intègre certains des monuments les plus prestigieux de la capitale chinoise.
Je vous en livre ci-dessous quelques photos d’entre eux, du temps du Covid-19, quand j’ai eu la chance de pouvoir les visiter comme en privé, dans cette atmosphère post-apocalyptique de pandémie.
La Tour du Tambour et la Tour de la Cloche ferment au nord cette voie, la plus longue voie urbaine au monde.
J’ai déjà évoqué ici la Tour de la Cloche, à qui j’ai rendu visite plusieurs fois, mais sa consoeur était inaccessible depuis 2020 ; cela a été un vrai plaisir de la voir ré-ouvrir le mois dernier !
Edifiée au XIIIe siècle, elle a survécu à bien des désastres, multiples incendies, foudre, et, plus près de nous en 1925, transformation en Institut d’éducation populaire. Elle est faite d’additions successives, dont la dernière, en date de cette année, lui a adjoint une salle d’exposition très moderne, où l’on raconte son histoire au sens large (le film diffusé ici intègre même le Président Mao, bien que le lien entre lui et ce monument ne soit pas limpide au premier abord).
Ces deux tours étaient essentielles à la vie de la cité, nuit et jour, sons de cloche et battements de tambour mesuraient le temps urbain, les premières annonçant l’ouverture et la fermeture des portes de la ville et les seconds faisant entendre leur roulement toutes les deux heures pour rythmer les activités humaines.
Elles occupaient donc une position centrale dans la ville, il fallait que tout le monde les entende à la ronde, car elles organisaient la vie sociale. Encore aujourd’hui, même si la ville moderne s’est quelque peu reconfigurée, elles continuent à être des repères urbains bien identifiés.

Les promeneurs viennent volontiers s’attarder dans le quartier, qui est devenu très chic, avec ses magasins aux allures occidentales. Pas loin de là se trouve la rue Nanluoguxiang 南锣鼓巷 (littéralement Allée sud du tambour et de la cloche), une des plus commerçantes de la capitale, souvent prise d’assaut par les touristes et les locaux.
Pour retrouver un peu d’intimité et le rythme lent de la ville ancienne, il faut s’enfoncer dans les hutongs avoisinants, où l’on peut tomber nez à nez avec de petits monuments cachés dans les replis des ruelles, tel le Temple Guanghua 广化寺(Temple de la Grande Transformation), construit au XIIIe/XIVe siècle.
C’était l’un des temples bouddhistes les plus renommés de Pékin, c’est maintenant un endroit modeste et charmant, gardé par des chats et sûrement fréquenté par la population du quartier.
Vos pas vous emmèneront sûrement, pour finir, longer les rives de ces lacs qui traversent Pékin du nord au sud, où je suis venue me perdre bien souvent, surtout en hiver.
Une promenade au charme historique dans le coeur de la capitale.
FB















Comme à chaque fois, ce fut un plaisir de flâner au long des 8 km de cet axe désormais classé. Sonnez la cloche, résonnez tambours, et merci encore pour cette visite patrimoniale.