C’est un petit temple curieux, en forme de puzzle, que je trouve très intéressant. Je suis allée le voir deux fois déjà, il est situé à Haidian, dans l’ouest de Pékin, dans un environnement urbain et bucolique à la fois. Lors de sa construction en 1473, il a reçu pour nom Temple Zhenjue (真觉寺, Temple de l’éveil vertueux) mais a rapidement été surnommé « Temple aux cinq pagodes » (wutasi), en référence à l’étonnant édifice principal.
Quand je parle de « puzzle », je fais référence à la juxtaposition des éléments très différents qui le composent.
De son origine – il a été bâti pour accueillir un prêtre indien en visite – il garde ce monument surmonté des fameuses cinq pagodes, dit le « Trône de diamant« . Les autres bâtiments – le temple comprenait six halls successifs – ont été détruits sous la dynastie Qing.
Ses murs sont peuplés de bouddhas sculptés en bas-relief, presque 400 au total qui contemplent le ciel depuis les quatre points cardinaux.
Des bêtes féroces, parfois très exotiques, veillent sur la tranquillité des figures religieuses.
C’est ensuite un musée d’art de la pierre, fondé en 1987, qui rassemble plusieurs dizaines de milliers de sculptures exposées principalement en plein air, dont certaines remontent à avant notre ère.

Dans cette forêt de pierres se trouve un carré tout à fait particulier, qui abrite les tombes de missionnaires jésuites français, principalement du XVIIIe siècle.
Il faut savoir que depuis la mort de Saint François-Xavier (compagnon du fondateur de l’Ordre, Ignace de Loyola) à Canton en 1552, l’histoire des Jésuites s’entremêle à celle de la Chine. La plus grande figure en est peut-être Mateo Ricci (1552-1610), un des premiers Occidentaux à avoir bâti des liens avec l’élite culturelle et politique de Pékin. L’influence de ces missionnaires restera importante jusqu’au milieu du XVIIIe siècle et déclinera après la vague d’interdiction et de persécution contre le Christianisme lancée par le pouvoir impérial au milieu du XVIIIe siècle.
La première fois que je suis allée voir ce temple, c’était en mai 2021, la pandémie m’avait empêchée de rentrer en France depuis presque neuf mois, cela a été pour moi une vraie émotion de lire ces noms, par exemple ceux de Jean-Mathieu de Ventavon ou de Jean-Joseph-Marie Amiot, comme autant de compatriotes lointains et rassurants à la fois.
C’est donc trois promenades en une auxquelles nous invite cet endroit, une belle manière de naviguer entre Occident et Chine, en passant par l’Inde, tout un voyage aventureux contenu dans cette petite parcelle de l’ouest pékinois.
FB








encore une fois une jolie promenade . Merci pour ces partages .
Un jardin de pierres bien émouvant à vrai dire, avec ces pères jésuites morts si loin de chez eux.
Merci pour cette belle promenade.