Après avoir passé un mois en France, pour reprendre le cours de liens distendus par deux années de politique 0 Covid, de retour à Pékin, je suis repartie dans mes errances culturelles au cœur de la capitale chinoise.
La première m’a amenée à la découverte de XU Beihong 徐悲鸿 (1895-1953), sûrement l’un des peintres nationaux les plus renommés du XXe siècle. C’est sa maison, située à deux pas du Lac de l’Ouest 西海 et transformée en musée, que je suis allée visiter ce premier week-end de rentrée.

Né dans le Jiangsu d’un père peintre, il est initié dès l’âge de six ans aux techniques de peinture traditionnelles chinoises, telles que le lavis ou la peinture à l’encre par exemple (décidément l’apprentissage à marches forcées de tout jeunes enfants ici remonte à loin…). Il en tirera un principe fort, celui de donner une place centrale au dessin.
C’est un artiste ouvert et international, qui va quitter son pays pour étudier au Japon, en 1917, puis, juste après la Première Guerre Mondiale, partir en France suivre pendant huit ans des enseignements prestigieux, tels que celui dispensé par l’Ecole Nationale Supérieure des Beaux-Arts. Il repart dans les années 1930 faire une grande tournée d’Europe, accompagnant une exposition de peinture chinoise qu’il a organisée, puis en Asie dans les années 1940 et notamment en Inde où il rencontre, juste avant la mort de ce dernier, l’écrivain Rabindranath Tagore (1861-1941).
En Chine, il gravit peu à peu les échelons dans l’enseignement des arts et devient, après la création de la République Populaire de Chine, Président de l’Académie Centrale des Beaux-Arts de Pékin et Président de l’Association des Artistes Chinois.
Cette ouverture, il va la traduire en peinture, son projet étant depuis sa jeunesse de restaurer la grandeur de la peinture chinoise, qu’il juge décadente, en y irriguant certaines techniques occidentales. Une fusion qu’il va pratiquer avec bonheur au fil de son œuvre.
Car si nous regardons un tableau de Xu Beihong, nous pouvons remarquer cette hybridation qui bâtit un chemin tout en nuances entre les arts occidental et chinois.


Cette capacité fera de lui un des peintres les plus connus en Chine et l’un des plus importants peintre chinois de l’époque dans le monde.
Son domaine de prédilection sera les animaux, qu’il représente à grands traits souples de lavis ou d’encre de Chine (ces techniques dont il a éprouvé très jeune l’apprentissage, comme déjà évoqué). A la différence de l’occident, où ce genre est considéré comme mineur, il est au contraire très apprécié en Chine où peindre les animaux et la nature est plus important que représenter les humains.
Voir ces toiles, le plus souvent enchâssées dans la soie verticale de ces grands cadres souples, est un émerveillement. Car au dessin traditionnel chinois, normalement assez statique, l’artiste ajoute mouvement et vie.
Finissons avec ses toiles les plus connues en Occident, peuplées de chevaux, l’animal qui représente ici la force et la résilience. A voir ces silhouettes nerveuses et prêtes à ruer ou à partir au galop, nous saisissons l’impressionnante technique qui sous-tend le geste du peintre, il rend à ces animaux domestiques leur instinct sauvage, intégrant à la peinture traditionnelle chinoise plutôt statique un mouvement irrépressible.
Vous avez peut-être vu ces toiles représentant des chevaux, elles ont suscité un vrai engouement en Europe, jusqu’à atteindre des prix frôlant le million d’euros. Ce qui n’est que justice.
Une bien belle promenade au coeur de la mixité culturelle, tout ce que j’aime !
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