Le temps était merveilleux ce week-end, un ciel bleu cobalt où s’inscrivaient quelques nuages, histoire de ne pas le laisser trôner dans son absolu, quelques rémanences de pollution étaient présentes, légères toutefois, par rapport à ces vents de sable qui ont englouti la lumière de la ville la semaine dernière.
De quoi enfourcher son vélo pour aller loin (pas trop loin quand même, je n’ai qu’un vélo de ville !), à 11 kilomètres de mon ancrage pékinois, pour visiter ce temple. Le nom signifie « ciel tranquille » (ou « jour tranquille »), il s’agit de paix dans tous les cas.
Il faut désormais des stratégies pour aller visiter les monuments de la ville, la fin de la pandémie a donné un nouveau souffle au tourisme et même si les étrangers ne sont pas encore revenus, les locaux se sont précipités dans les sites les plus célèbres, qui se retrouvent surchargés. Quelle chance j’ai eu, dans toute la difficulté de la politique zéro Covid, de pouvoir voir la Cité Interdite sans personne…
Ce temple était assez excentré et isolé pour me laisser espérer une visite paisible, ce qui fut le cas.
L’endroit est remarquable car il abrite un des plus anciens monuments de Pékin, étonnamment épargné par les excès de la Révolution Culturelle. Je veux parler de cette pagode, haute de 58 mètres de haut, bâtie sous la dynastie Liao, au XIIe siècle.
C’est un édifice octogonal, de treize étages, qui a été modifié sous les Empereurs Ming et Qing, sans toucher à la structure (pour citer ces modifications, par exemple la frise de lotus qui parcourt l’édifice horizontalement, initialement en métal, pour pouvoir recevoir de l’huile qui éclairent les lampes, a été reconstruite en briques). C’est un lieu spécial, où les Empereurs se rendaient lors de la fête du printemps, pour allumer des lampes en l’honneur de Bouddha, afin qu’il garantisse un temps clément et la richesse à la Chine pour la nouvelle année.
Le temple qui entoure cette vieille dame rescapée a lui été bien refait au fil du temps, mais, comme dans bien des monuments ici, il garde belle allure.
Comme tous les temples à Pékin, peut-être encore plus que dans nos églises, le culte est vivace. Bien des gens (et de plus en plus de jeunes, paraît-il) vont prier les divinités et leur faire des offrandes.
Au passage, je vois ce hall dédié à Bouddha, encadré par les divinités de la lune et du jour. Dans ce printemps qui ne cesse de nous rappeler à la nature, cela me semble bien approprié.
Mais la vedette du jour, c’est cette tour octogonale, j’ai fait tout ce chemin pour l’admirer, cette survivante.
Elle est ornée de divinités, de dragons et de fleurs, tous de bons auspices. Et si le passage du temps n’a pas laissé ces sculptures indemnes, elles continuent à être merveilleuses.
Et bien sûr, ce petit havre de paix n’est pas resté indemne dans l’urbanisation ambiante. Construite au milieu de la capitale de la dynastie Liao, elle s’est retrouvée progressivement loin du centre, par le jeu des mouvements urbanistiques des différentes dynasties, qui ont repositionné le coeur de la cité plus au nord, la laissant excentrée (c’est peut-être ce qui explique le fait qu’elle ait survécu).
Depuis le siècle dernier, la cheminée d’une usine électrique surplombe le site du haut de ses 180 mètres.
En 2016, un débat a été lancé pour savoir s’il fallait garder l’usine ou la détruire, la conclusion a été un entre-deux, garder l’usine et la convertir en lieu artistique. Depuis, la pagode est affrontée à une modernité qu’elle ne demandait peut-être pas.
Ne portons pas de jugement hâtif, nous sommes issus d’un pays où la conservation de l’ancien a atteint un optimum (jusqu’à empêcher les nouveautés architecturales, à mon avis). Ici, la vision de ces objets industriels ne gênait pas ma visite…
Avant de terminer, je vous montre ce beau poisson, celui que je croise dans tous les monastères, particulièrement coloré ici.
Encore une découverte que je voulais vous faire partager.
FB