Pékin est un terrain d’aventure immense, très agréable si vous voulez parcourir la ville à vélo, car 1/ici tout est plat et 2/il y a partout des voies cyclables a minima largeur L, voire XXL, comme je l’ai déjà mentionné dans des articles précédents. J’adore prendre mon vélo pour partir à la découverte des alentours urbains, tout est ici facile pour les cyclistes, bien que la reprise récente du trafic tel qu’il était en 2019 oblige à une vigilance accrue.
Ici, je vais vous faire découvrir une avenue majeure de la ville, que vous avez déjà côtoyée avec moi, si vous avez suivi mes promenades précédentes, Chang An Jie (soit l’avenue de l’immense paix, avec également une référence à la ville de Xi’an, qui fut naguère la capitale). Elle ouvre une voie horizontale dans cette ville plutôt gouvernée par les différents périphériques qui encadrent la Cité interdite. Car ici, tout est plutôt circulaire que rectiligne, à notre pensée « droit-au-but », les Chinois opposent une vision moins linéaire, pleine de circonlocutions, à l’image de ces cercles tracés autour de la capitale. En termes de longueur, notez que Pékin a décroché de Paris à partir du deuxième périphérique (qui équivaut au périphérique parisien, soit environ 33 kilomètres), pour atteindre 188 kms pour le sixième périphérique avec une annonce d’un septième d’une longueur totale de 940 kms. Comme je vous le disais, ici tout est plus grand ou plus haut, il faut s’y habituer !
Cette immense avenue qui parcourt la capitale d’est en ouest, en forme de six voies pour les voitures (plus deux pistes cyclables, une de chaque côté, parfois immenses) date, dans son tracé, du XVe siècle, quand l’Empereur redessinait la capitale pour y installer la Cité interdite ; c’est l’une des plus longues avenues du monde, qui totalise plus de 46 kilomètres en tout, et sûrement plus, avec toutes les extensions.

Inutile de dire qu’aux heures de pointe, à peu près les mêmes que chez nous, elle ploie sous le poids des embouteillages qui dessinent le soir d’immenses lignes de points lumineux sur l’asphalte. Et si vous arrivez d’une perpendiculaire, vous pouvez parfois attendre entre cinq et sept minutes pour la traverser (même avec la vision patiente qu’ont les gens ici sur la vie, c’est long !).
Je vous emmène (quasiment) sur mon vélo faire sa connaissance, j’ai mélangé plusieurs excursions, entre avril et juillet 2022 pour construire ce parcours qui s’étend sur 10 kilomètres.
La ruée vers l’ouest (de Wangfujing à Muxidi, 6 kilomètres)
Avant de partir, je vous présente la rue Wangfujing, c’est ici un peu les Champs-Elysées locaux, où s’alignent des rangées de centres commerciaux plus luxueux les uns que les autres.

Commençons par aller plein ouest (puisque je commence à peu près au milieu de cette immense artère). Au carrefour de Dongdan, une station de métro proche de chez moi, et de Chang’An, en attendant le fameux feu vert déjà mentionné, je vois ces immeubles modernes du même type que ceux de Wangfujing qui alignent leur fière hauteur.

Je m’engage ensuite sur cette immense voie cyclable, ponctuée de check-points gardés par la police (et vous verrez que la surveillance augmente au fur et à mesure que vous vous rapprochez de Tian An Men et décroît – légèrement – ensuite).

Je croise ensuite une institution à Pékin, le « Beijing Hotel », l’un des premiers hôtels qui accueillait des étrangers dans les années 1980 (avec des espions à tous les étages, si je puis dire, les préposés aux ascenseurs étant mandatés pour vérifier qui allait où par exemple). C’est aujourd’hui un endroit bien agréable, avec un beau salon de thé à l’ancienne.
Jouxtant ce lieu, un hôtel qui en impose (nous mesurons le chemin parcouru au fil du temps dans l’inflation des édifices),

Le paysage change ensuite, nous longeons un mur traditionnel ombragé par bien des arbres.
C’est comme une accalmie avant la tempête, un trompe-l’oeil de paix, car nous arrivons dans un endroit hautement stratégique, la Place Tian An Men 天安们.
Le lieu est bien gardé, à la fois contre les attaques physiques et contre celles, plus insidieuses, du virus. D’où l’ajout des masques à la panoplie du gardien, on ne sait jamais d’où l’ennemi surgira (désolée, ces images datent de 2022, depuis tout a changé).
La place s’étend vers l’infini, dans tout l’espace qu’elle occupe. Si vous pouvez la côtoyer à vélo, il est difficile de prendre des photos, car dès que vous faites mine de vous arrêter, un soldat vous rappelle à l’ordre.
Un peu plus loin se trouve le Centre national des arts du spectacle 国家大剧院, construit par l’architecte français Paul Andreu et inauguré en 2007. Comme toujours en Chine, tout est hors proportion, l’ensemble compte 150 000 m², abrités dans cette surface convexe de toute beauté.
Alors que je fais mon chemin vers l’ouest, je croise (en 2022) cette brigade sanitaire, qui vient d’enfermer un immeuble… Image bien souvent vue l’an dernier dans les rues de Pékin.
Je dois faire une incise pour rendre hommage aux lampadaires échevelés qui rythment l’avenue, du moins dans ses endroits les plus stratégiques. Une profusion de globes électriques qui ne dépareraient pas dans nos Versailles.

Les alentours sont bien bucoliques, quelques lanternes rouges adossées au vert des arbres vous font sentir dans un endroit spécial alors que vous pédalez.
J’ai bientôt atteint le Saint des Saints, Zhongnanhai 中南海, l’endroit où réside le gouvernement et bien de ses membres éminents (dont le Grand Homme). J’avoue n’avoir pas osé prendre plus de photos que celle-ci. J’avais quelque temps auparavant longé l’ensemble du sud vers le nord, notant au passage le nombre impressionnant de gardes, mais aussi la présence d’une ambulance, d’une voiture de pompiers et autres services de proximité.
J’arrive ensuite, en quelques (bons) coups de pédale, à Xidan 西单, quartier de centres commerciaux, dont les immenses écrans diffusent H24 des publicités pour les grandes marques occidentales.
A partir de là, vous entrez dans le quartier des sièges de banques et autres compagnies d’assurances, c’est à celui qui aura l’immeuble le plus haut, avec le plus de vitres et d’acier.
Tout le long de mon cheminement, je croise ces préposé(e)s (le plus souvent des femmes), qui sont là pour réguler la circulation et veiller que les cyclistes ne grillent pas les feux rouges. Elles sont nanties de grilles (voir sur la droite de la photo), qu’elles peuvent fermer pour barrer la route aux deux roues. Utiliser ou non ces objets de dissuasion semble dépendre de critères qui m’ont toujours échappé ici.
Plus loin vers l’ouest, cet immeuble est l’improbable croisement d’architectures soviétique et italienne. Assez spécial je dois dire.
Les immeubles, pleins de leur grandeur vitrée, se succèdent le long de ma pérégrination, jouant tous à être le plus beau, le plus haut, le plus raffiné.
Avec parfois des incursions vers l’occident, comme si cette architecture y puisait d’autres moyens de se différencier.

A l’est toute (4 kilomètres)
En repartant à partir de Tian An Men, le quartier moderne de CBD se dessine à l’horizon.
Et puis je croise, sur ma gauche, l’Hôtel international de Pékin, reconnaissable entre tous dans sa silhouette triangulaire et concave.
Mon parcours est ponctué de ces immeubles verre/pierre/acier, assez quelconques, disons-le, bien que tendant à impressionner le promeneur.
En continuant, je passe cet énigmatique arc en ciel brisé, qui s’illumine la nuit.
Je croise ensuite l’ancien observatoire (sur lequel j’ai déjà écrit sur ce blog), qui fait comme une irruption d’histoire dans tous ces immeubles modernes.
Et puis la voilà, la beauté de CBD, avec toutes ces tours immenses qui cherchent à jouer avec le ciel.
L’avenue peut vous entraîner vers d’autres ailleurs, autant vers l’ouest que vers l’est, mais j’espère vous avoir montré l’épicentre de cette immense trouée dans la ville, qui vous permet de passer d’un univers à l’autre en moins de temps qu’il ne faut pour le dire.
FB
Merci pour ce nouveau voyage passionnant et spirituel – Beau printemps pour vos futures découvertes ! amicalement
Mais merci tellement pour ce reportage, il est fort peu probable que je visite un jour Pékin mais grâce à toi j’ai tout de même une impression , les photos et les détails de tes promenades nous font voyager sans sortir de chez nous . Bravo et merci donc .
Merci, c’est mon but de faire partager mes pérégrinations dans la capitale. Je continuerai à Paris !