Pékin – Promenade d’automne, Temple Dajue 大觉寺 (2022)

Pour aller faire mes adieux à l’automne, dans le froid qui commence à nous envelopper, amenant dans la capitale cette sécheresse particulière qui habite l’hiver ici, faisant naître des petits électrochocs d’électricité statique à chaque contact avec du métal et transformant peau et cheveux respectivement en carapace de crocodile et en paille, j’ai choisi un temple dans l’ouest de la ville, le Temple de l’Illumination (ou de l’Eveil).

Ce temple bouddhiste, construit sous la dynastie Liao (907-1125) a d’abord été appelé le Temple de leau claire, 清水 en référence à la source dont l’eau irrigue le lieu. Reconstruit en 1428, il a pris le nom que nous lui connaissons aujourd’hui. Il a ensuite été rénové au XVIIIe siècle et peut-être après, bien qu’il garde un air assez ancien.

Toujours ces lions gardiens qui vous accueillent
Une place au palmarès des photos les plus bizarres ?

Ce que je voulais vous faire partager ici, au-delà d’une énième visite d’un temple bouddhiste, dont je vous ai déjà fait découvrir un certain nombre, c’est la mélancolie de l’automne qui s’installe.

« Les sanglot longs
Des violons
De l’automne
Bercent mon coeur
D’une langueur
Monotone »,

Ces vers de Paul Verlaine m’ont semblé ici très appropriés.

Je suis arrivée un peu tard, en début d’après-midi, sans me douter que la lumière commencerait à décliner tôt. Elle se répandait en larges zébrures sur les bâtiments, comme tamisée par ces grands arbres, que je retrouve ici et qui ont commencé à se faire à l’idée de l’hiver.

Le plan du temple est assez simple, trois halls successifs, orientés sur un axe Est-Ouest. Ils sont assez classiques, pour qui a déjà visité bien des temples bouddhistes.

L’une des deux tours sentinelles de l’entrée, marbrée par le soleil de l’automne

Je croise toujours ces arbres vénérables 老树 qui laissent leurs branches tordues par le temps profiter de la douceur de ce jour automnal.

je n’ai toujours pas compris pourquoi on les ornait de blanc, sûrement une protection, qui, j’espère, ne les abîme pas
Comme un dernier printemps avant l’automne
Ruissellement de feuilles d’or

Cet arbre, vieux de 300 ans, est particulièrement impressionnant, les autochtones l’ont surnommé « La mère et ses neuf enfants », car le tronc principal abrite neuf rejetons qui se serrent contre lui, j’aime beaucoup cette image.

Avec un parterre doré et poétique à leurs pieds

Le soir qui tombe bien vite laisse quand même quelques rayons de ce soleil si beau ce jour traîner sur la cime des arbres.

Contraste

En serpentant vers le haut du temple, je croise cette dagoba, dont la blancheur s’éteint presque dans la lueur déclinante du jour. Elle me rappelle celle du Lac du Nord dans le centre de la ville, une architecture bien énigmatique et bien belle à la fois.

Presque cachée dans la ramure des pins

Prendre tous ces chemins sinueux dans la lumière du jour qui abandonne peu à peu les lieux, laissant les arbres rêver à la nostalgie du printemps, a quelque chose d’un peu triste mais c’est aussi la révélation de la résilience de cette nature presque oubliée par les beaux jours.

Un chemin qui donne envie de l’emprunter
Fractales de nature automnale

Parfois, des monuments viennent ponctuer cette nature qui s’endort peu à peu.

Un endroit où nous pourrions nous attarder au printemps
Et toujours ces arbres d’or qui n’en finissent pas de perdre leurs feuilles

En repartant, je croise ce bassin orné d’arbres en fusion vert et or, c’est la fameuse source qui parcourt le temple.

Feuilles et poissons

Je quitte le site, avec toujours ces impressionnantes montagnes à l’horizon.

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