C’est un grand parc au nord de Pékin (42 hectares), son nom signifie « Autel de la terre » et il a été construit au XVIe siècle, puis remanié dans les siècles suivants.
Ce n’est pas un des hauts lieux de la capitale, les guides le mentionnent à peine, si ce n’est pour dire le manque d’intérêt à y aller faire un tour (sauf pour le Nouvel An Chinois, où se tient dans ses murs une foire réputée). J’ai maintes fois déjoué ces avis pour aller visiter des endroits finalement très intéressants ; ici je ne suis plus qu’à moitié touriste, c’est ma ville et je ne veux pas me contenter des lieux réservés à des voyages courts d’étrangers qui vont passer une semaine ici dans la litanie bien connue Cité interdite / Temple du Ciel / Grande Muraille / Hutongs (éventuellement).
Comme je viens de déménager dans un quartier proche, j’ai pris mon vélo pour aller y faire un tour, le temps était si beau qu’il me fallait absolument un parc à visiter ! Nous sommes en effet dans ce court automne, transition éphémère entre un été qui nous a étourdi de chaleur et un hiver à venir qui va nous malmener avec ses températures négatives, inutile de dire qu’il faut en profiter.
Le temps est en effet idéal, ciel bleu parcouru de fragiles nuages, un peu de vent en forme de brise bienvenue.
De manière étonnante, il reste des fleurs, de ces combattantes résilientes qui ont résisté à la vague brûlante de l’été ; elles ourlent ces arbres encore bien verts, dressés dans ce ciel de début d’automne.
Maintenant que je vous ai fait pénétrer avec moi dans ce lieu, il faut que je vous en dise quelque chose, que je vous conte son histoire. C’est un des quatre temples de la capitale (temple se dit « tan » 坛), avec celui qui est le plus connu, Tian Tan (天坛), le Temple du Ciel, mais aussi Ri Tan (日坛), le Temple du Soleil et Yue Tan (月坛) le Temple de la Lune. Terre, Ciel, Soleil et Lune, autant d’ancrages forts dans la nature, qui dessinent un presque carré dans la carte de la capitale, avec la Terre au nord, le Soleil à l’est (normal), la Lune à l’ouest et le Ciel au sud. Les empereurs se rendaient dans ces différents lieux pour faire des sacrifices propitiatoires, afin de s’assurer le secours des Dieux.
Notons également que ce parc a une forme de carré, ce qui est le symbole de la terre, alors que le ciel sera représenté par un cercle.
Malheureusement tous ces bâtiments, aux noms tellement intrigants, reliés aux sacrifices d’animaux qui étaient perpétrés ici dans les siècles précédents, étaient fermés. Effet du Covid19 ? Je ne sais, ici les accès aux lieux culturels sont toujours mystérieux pour moi, comme je l’ai déjà évoqué dans des précédents articles.
Je me suis contentée de frôler ces édifices sans y entrer, ce qui était déjà bien beau.
Il est pourtant possible d’accéder au coeur de cet endroit, Fangzetan (方泽坛), l’autel où se faisaient les sacrifices. Hérissée sur ses pourtours de ces belles portes de pierre, semblables à celles que j’ai rencontrées au Temple du Ciel, c’est une immensité quadrangulaire qui s’ouvre à moi.
Comme dans une dimension parallèle, le parc vit en même temps une autre vie que celle de la visite touristique, c’est un endroit où se rassemblent des amateurs de danse, de chant ou de sport. J’avoue que, bien que tous les jardins de Pékin sont des lieux où les autochtones se livrent à des activités de ce genre, j’ai croisé ici la plus grande diversité de ces amateurs de loisir 爱好.
Et, dans la douceur du soir qui tombe, un travailleur qui se repose et pense à autre chose.
Un jardin plein d’une poésie d’ici, pour peu que l’on prenne le temps de s’y attarder.
FB
Vraiment passionnant ! Et tout le monde se laisse photographier pour les beaux dimanches de Pékin 🙂 Un grand merci – amitiés
Un parc bien plus intéressant qu’il n’en a l’air !
Je note que les representation symboliques du ciel et de la terre sont les mêmes qu’utilisées chez nous dans l’architecture religieuse.
Merci à nouveau pour ce beau reportage.