Chine – Pékin, Jardin des bambous pourpres 紫竹院公园 (2022)

C’est un très ancien endroit que ce jardin, situé dans le nord ouest de Pékin, son histoire remonte au XIIIe siècle, bien que tout ait été reconstruit entre 2010 et 2012 en forme de restauration. En cette période encore en transition entre hiver et printemps (nous sommes le 13 mars et l’on annonce possiblement de la neige vers le 17 mars…), même si quelques fleurs audacieuses ont décidé de percer çà et là, les bambous restent une valeur sûre dans leur résistance à l’hiver.

La bataille des vivants et des (encore) morts

Je m’enfonce au coeur de ces frêles forêts, pourtant si résilientes. Ce sont ici de vrais passages sinueux qui nous mènent d’une espèce à une autre, je ne savais pas qu’il y avait tant de bambous différents. Je met fin au suspense tout de suite, désolée, mais je ne trouverai pas les fameux bambous pourpres…

Les grands et forts bambous verts
Les grands et forts bambous blancs
Les minces bambous verts

Dans la culture traditionnelle chinoise, le bambou (竹) forme avec les fleurs de prunier, les orchidées et les chrysanthèmes, le groupe des quatre messieurs, qui ont servi à caractériser des personnalités idéales. Le bambou est symbole de grâce tranquille, il est flexible et humble, il représente la résilience.

Très représenté dans la peinture traditionnelle chinoise

C’est une plante (et non un arbre, et oui) un peu « couteau suisse » dans l’histoire et la culture chinoise ; on l’utilise pour écrire (avant l’invention du papier peu avant notre ère), il sert de nourriture (j’ai récemment découvert sa saveur très subtile dans un restaurant du Sichuan), c’est un matériau central dans la construction (à Hong-Kong par exemple, les échafaudages sont encore faits de bambou, souple et résistant, il est très apprécié dans ce domaine) et il est très usité dans l’artisanat, pensez aux flûtes par exemple.

J’étais donc dans le saint du saint, un endroit où cette plante croît en nombre (même si elle est presque toujours représentée dans les autres jardins).

Je dirai au passage que c’est une vraie joie pour moi d’aller à la rencontre de cette nature dans les si beaux parcs de la capitale ; quand tout explose à partir de fin mars, c’est simplement magnifique. Nous nous sentons revivre, prêts à laisser tomber nos manteaux doudoune, nos gants et nos bonnets, troqués peu à peu (rapidement car ici la transition est brusque) pour des vêtements d’été et nous faisons la fête avec les fleurs !

Chemin faisant vers les fameux bambous, j’ai pu voir ces arbres en sommeil, blanchis par l’hiver, qui attendaient le printemps.

Le jardin est bordé sur sa face nord par un cours d’eau où la belle lumière de l’après-midi faisait des reflets superbes, notamment de l’édifice de la Bibliothèque nationale de Chine sur l’autre rive.

Chemin faisant, je croise un de ces restaurants implantés (c’est le cas de le dire) dans les parcs, il a l’air désaffecté, mais ne vous y fiez pas, si vous vous y aventurez, vous trouverez bien de quoi vous sustenter. Cela me fait penser aux kiosques de nos jardins publics en France.

Pour agrémenter le chemin, dans tout ce béton lisse et bête, quelques artistes ont incrusté des motifs curieux et bien sympathiques.

Un éléphant
Dois-je vraiment vous expliquer ?

L’actualité nous rattrape parfois dans ce parc pourtant hors du temps.

Jeux olympiques et leurs mascottes
Année du tigre, joli cadre pour faire une photo

J’arrive au lac principal, bordé comme d’habitude ici d’une zone urbaine qui fait hiatus, comme dans beaucoup de ces parcs qui n’ont pas pu se préserver de la croissance de la ville alentour.

Je retrouve mes copains, les canards mandarins (ça rime mais ce n’est pas fait exprès !)
Bordé de grands ensembles incongrus
La glace n’a pas encore fait reddition
Choc des architectures
J’aime beaucoup le toupet de nature au centre de la photo !

En bordure de l’étendue d’eau, comme une survivance (mais sûrement reconstruite très récemment), un bout de demeure néo-traditionnelle, avec ses lions gardiens.

Et toujours les bambous qui m’escortent dans ma promenade
Une vigie (presque) du passé dressée contre la ville moderne

Et puis, dans ma promenade où j’essaye de concilier tous ces horizons historiques différents, portée par la belle nature, l’azur immuable du ciel, les ondes qui se dorent du soleil presque couchant et tous ces arbres et plantes qui manifestent pour le retour du printemps, voilà que je fais une rencontre incongrue…

Tout d’un coup, je me sens comme dans une baignoire et j’ai 10 ans

Ces volatiles remisés pendant l’hiver, nous pouvons penser qu’ils vont prendre leur élan sur le lac dès l’été revenu. Cela donnera à l’endroit une couleur bien différente, avec des familles qui s’y amuseront le week-end, parents et enfants, peut-être grands-parents aussi.

Mais ce n’est pas encore gagné, la glace de l’hiver enserre encore le lac dans ses extrémités.

Un autre de mes fils rouges dans cette déambulation a été la rencontre avec tous ces gens qui dansaient et chantaient presque à chaque coin du jardin (j’avais envie de dire « de rue », mais cela aurait été mal à propos). Des seniors en majorité, ici il faut se maintenir en forme pour affronter la vieillesse avec un système santé qui est loin d’égaler le nôtre, mais pas que, j’ai également croisé des plus jeunes s’essayant à bien des sports.

Ici on chante
Là on danse

Une promenade qui fait voyager dans bien des dimensions de cette ville.

FB