Pékin – Ancien Temple de la Grande Cloche 大钟寺 (2022)

Encore une promenade étonnante dans ce bleu de ciel hivernal. Au milieu d’un environnement assez improbable, voies rapides avec échangeurs qu’il faut franchir depuis la station de métro (depuis chez moi, c’est 45 minutes de trajet, trop long pour y aller en vélo, surtout avec le froid, -8°C), se niche un temple ancien, surplombé par les barres blanches d’immeubles plus récents, dans une anarchie urbanistique qui force le respect.

Le pauvre temple perdu en zone hostile
Avec en surplomb un centre commercial sur la face Ouest

Ici se trouvent les vestiges du temple Juesheng (觉生), construit en 1733 et transformé en 1985 en musée de cloches. Ce temple servait notamment à invoquer la pluie (on peut le comprendre ici, dans ce pays si sec !). Il présente un plan assez classique ici pour un temple, tout en enfilade, avec dans la première cour une tour de la cloche et une tour du tambour qui se font face.

Une chance pour moi, les sous-titres anglais !

Dès que vous pénétrez dans l’enceinte du bâtiment, les alentours se font plus discrets, ils se font voir çà et là, mais ne viennent plus perturber la paix d’ensemble. C’était encore l’hiver, les arbres poussiéreux et en sommeil étendaient leurs ramures sous le soleil froid. Mais tout cela avait fière allure, avec l’or et le rouge des bâtiments en contrepoint.

Au cas où vous auriez des doutes

Dans cette atmosphère de paix surveillée (:-) ), j’ai parcouru des salles d’exposition impressionnantes, où ont été regroupées des cloches venant de bien des temples de Pékin ou d’ailleurs, certains ayant disparu depuis. Difficile de ne pas être impressionnés devant ces objets lourds, massifs et en même temps subtilement ornés et gravés.

Vue d’une des salles d’exposition

Les cloches, connues en Chine depuis le Néolithique, ont bien des fonctions. Rituelles, elles servent au culte, sociales, elles donnent les heures ou sonnent l’alerte (comme chez nous), musicales, elles participent à des concerts. Ce sont donc des objets d’une grande importance dans la société et ne même temps complexes, difficiles à construire et à mouvoir vu leur poids, elles méritaient un musée pour les mettre en valeur.

Cette promenade a été l’occasion de voir des chefs d’oeuvre.

Cloche du XVe siècle, 544 kgs, ornée de dragons
Deux cloches du XVIe siècle
Notez les détails sur les accroches
Une atmosphère de recueillement planait ici
Détail avec Svastika (pour ceux qui s’offusqueraient, rien à voir avec la croix gammée, elle est à l’envers et c’est un symbole bouddhiste)
Détail de dragon
Jeux de clair obscur dans cette atmosphère de recueillement

Et puis cette merveille, dans une salle de côté, l’ensemble de cloches du Marquis Yi (il s’agit d’une réplique, mais peu importe), datant d’avant notre ère, trouvé dans une tombe dans le Hubei. C’est un ensemble magnifique, poétique et qui nous transporte un peu dans le monde surnaturel comme pour suivre le défunt.

Notre cheminement nous mène de bâtiment en bâtiment, toujours ce rouge des façades et cette sécheresse de la nature, qui cherche à résister à l’hiver, nous le sentons.

Jusqu’à arriver à l’édifice principal, qui se cache au fond de l’ensemble, au milieu des résineux, pour abriter le chef d’oeuvre du lieu, la grande cloche Yong Le (大钟永乐 – la grand cloche de l’éternité heureuse), fondue au XVe siècle.

C’est la plus grosse cloche de Chine (la deuxième du monde), un mastodonte qui pèse rien moins que 46 tonnes et demi, presque 7 mètres de haut et plus de 3 mètres de circonférence. Elle est gravée de plus de 200 000 soutras bouddhistes. Au-delà des mots et des chiffres, elle est simplement impressionnante.

Après un dernier coup d’oeil au site, je repars me fondre dans la ville moderne que j’ai aperçue parfois en forme d’arrière-plan.

C’était une bien belle balade, aller voir ce joyau enserré par une architecture froide et sans intérêt qui ne lui ressemble pas.

FB