Vendredi dernier, profitant de la semaine de vacances du Nouvel An chinois, quand tout le pays normalement migre pour retrouver la famille et où bien des choses ferment à Pékin faute de personnel (mais cette année est un peu différente du fait de la pandémie, des Jeux Olympiques et des mesures sanitaires ô combien strictes qui encadrent tout cela, la capitale n’a pas connu l’habituel afflux des Chinois d’autres régions), nous sommes allés avec des amis dans une ville située dans Pékin, à 80 kms vers l’ouest, Cuandixia. Comme je l’ai déjà mentionné, la ville s’étend sur plus de 16 000 km² (à titre de comparaison, l’Ile-de-France atteint à peine plus de 11 000 km²), ce qui permet de faire bien des excursions à l’intérieur de l’enceinte urbaine en évitant les tests PCR fastidieux (actuellement, si vous sortez de la capitale, vous devez faire un test PCR de moins de 48 heures pour rentrer et un autre test dans les trois jours après votre retour).
Le temps était radieux, le ciel lavé par le vent du nord des jours précédents arborait un bleu presque surnaturel et l’atmosphère crissait d’une sécheresse pleine d’électricité statique.
Dans le minibus qui nous amenait à destination, j’ai longuement regardé le paysage se transformer, l’ensemble urbain faisant place peu à peu aux montagnes, çà et là encore éventrées par des complexes industriels ou d’habitation, au pied des cours d’eau et lacs glacés (vous excuserez les reflets de vitres sur les photos, j’espère).





La nature est sèche, tellement sèche qu’elle en est poussiéreuse, nimbant les pentes des montagnes d’un manteau gris-brun. Cela nous rappelle que nous ne sommes qu’à 400 kms du Désert de Gobi.

Et puis, nous découvrons un village merveilleux, fondé sous la dynastie des Ming, pour garder la frontière ouest de la capitale. Il ne reste plus que 102 habitants et le tourisme a remplacé le commerce du grain, du charbon et de la fourrure pour assurer la subsistance des habitants. Un tourisme chaleureux et accueillant, comme si nous étions les premiers étrangers à entrer ici.
Il fait froid, très froid (-7°C, ressenti -14°C avec le vent). Mais nous sommes courageux !

Et cela en vaut la peine. Emmenés par notre guide, nous gravissons la colline jusqu’à un petit temple, croisant en chemin un sanctuaire destiné à chasser les mauvais esprits.
Le temple, surplombé par ces montagnes desséchées et ce bleu écrasant, abrite une humanité fragile, affrontant une nature adverse et lui arrachant un petit lieu tranquille, havre de paix.


Depuis le temple, nous découvrons la structure du village et nous comprenons mieux l’engouement qui l’entoure. Lové dans son plan semi-circulaire au pied des montagnes, il ressemble à une tortue, toutes écailles dehors en arêtes vives qui se serait fondue dans les couleurs alentours, tel un caméléon.


Redescendus à hauteur d’homme, nous découvrons une autre dimension de l’endroit, une ville haute, pour les plus aisés (qui pouvaient ainsi mieux se protéger des éventuelles invasions) et une ville basse laissée aux plus modestes. C’est un assemblage de petites ruelles qui desservent des maisons individuelles, souvent transformées en tables ou maisons d’hôtes, avec des empilements de terrasses qui doivent être charmantes l’été.




Cà et là, quelques traces de vie humaine 🙂


Quelques traces également du Communisme, ce slogan de Mao inscrit sur la façade d’une maison au moment de la Révolution Culturelle et cette affichette qui réserve un meilleur accueil aux membres du Parti qu’aux autres.

Nous visitons la plus belle maison du village, 大五间 (Dawujian, littéralement, la maison à cinq pièces). Elle me fait beaucoup penser à ce que j’ai vu à Pingyao, avec son ossature de bois ouvragé.




Le village est émaillé de restaurants, qui servent une cuisine fraîche et très bonne, dans des salles à manger modestes ou des terrasses intérieures un peu bricolées mais bien sympathiques.








Nous avons fait un repas de roi ici, simple et très goûteux, poisson, nouilles au chou et au tofu, brochettes d’agneau et pain à l’huile et aux herbes.
C’était un excellent moment que nous avons passé, dans l’ambiance chaleureuse de cet accueil simple et franc, qui faisait comme un contrepoint à l’hiver ambiant. Nous reviendrons en été profiter des terrasses, c’est sûr !
FB
Excellent reportage comme toujours, et texte vivant, fort agréable. Merci 🙂 Heureuse suite de découvertes 🙂 Amicalement
Ici, Côte Nord de la Bretagne, les mimosas qui poussent haut et rapidement, ont fleuri partout. Pourtant le temps n’est pas favorable cette année, gris et froid dans la durée, avec de courtes apparitions du soleil.
J’adore les mimosas !