Le dragon, cet animal mystérieux et mythologique (bien que nous ayons nommé certains animaux réels de ce nom, ils restent bien loin de ce que nous avons en tête), parcourt l’imaginaire de bien des pays. En Chine, il incarne le pouvoir et la puissance de l’Empereur, ce qui explique sa présence fréquente dans bien des représentations à l’intérieur des palais et demeures impériales.
Je me souviens d’un conte chinois, que je vais essayer de vous restituer rapidement, car il incarne pour moi un peu de cette culture. Un Empereur avait demandé à un artiste de peindre deux dragons sur des paravents. Après un certain temps, l’artiste avait montré une première version où l’on voyait jusqu’à la plus petite des écailles, l’Empereur était ravi. Pourtant, encore mécontent de lui-même, l’artiste avait fait attendre l’Empereur jusqu’à ce que celui-ci, impatient, demande à l’artiste de lui livrer l’oeuvre. Sur les paravents, l’Empereur a découvert un trait jaune et un trait rouge, et c’était tout. Furieux, l’Empereur fit exécuter l’artiste et emporter les paravents dans son palais. Et là, le soir, devant lui, les deux traits s’animèrent pour devenir de splendides dragons ; l’artiste avait réussi à rendre l’essence même de leurs mouvements puissants.
Dans l’horoscope chinois, le signe du Dragon est un peu l’équivalent du Lion dans l’horoscope occidental, plein de superbe, puissant et éblouissant son auditoire. C’est un animal hors du commun, qui se pense au-dessus de la mêlée.
Ce sont donc des animaux indomptables, hors normes, et les hommages rendus sur ces murs à Pékin (Beihai et Cité interdite) et à Datong, une ville du Shanxi sont à la mesure de cette impression.
Datant du XVIIIe siècle, long de 27 mètres, sur deux faces, le mur qui se trouve proche du lac Beihai (dont je vous ai parlé très récemment), perdu à l’écart dans les arbres, se compose de céramique vernissée de couleurs éclatantes, sur un fond bleu turquoise. Tout l’art des maîtres céramistes se perçoit ici, dans la vérité des détails de ces sculptures en ronde-bosse. Les dragons, n’en déplaise à l’artiste cité ci-dessus (même si je comprends la profonde vérité du récit) semblent se mouvoir de manière menaçante, toutes griffes dehors.
Il n’y avait personne, le lieu était tout à moi, libre de contempler ces bêtes sauvages figées pour l’éternité dans leur mouvement harmonieux et plein de puissance dans le jour qui déclinait.







Je les ai retrouvés le lendemain dans la Cité interdite, frères des précédents.

Un combat venu des temps antiques, plein de beauté, auquel j’ai assisté ici.
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