Pékin – Excursion oecuménique à Xicheng (西城区) (2021)

Décidément, cette ville est immense et pleine d’explorations en devenir… Au milieu de votre routine d’expatrié dans cet endroit qui est devenu votre foyer (faire les courses, aller chez le coiffeur, voir des amis, etc.) il reste toujours une place, que je prenais aussi, plus rarement quand même, à Paris, pour aller visiter la cité. Dans la capitale française, c’était devenu pour moi une routine, les mêmes cinémas, les mêmes lieux d’exposition, ici tout est renouvelé, j’ai des envies de découvertes.

Parmi les expatriés, qui sont bloqués dans le pays depuis novembre (et avant) nombreux sont ceux qui ont redécouvert la Chine voire (de fin janvier à début mars), la ville elle-même, encerclés par des barrières sanitaires qui paraissaient infranchissables (batteries de tests PCR, quarantaines et surtout risque de rester coincé ailleurs dans un hôtel ou un hôpital).

Je rêvais moi aussi d’un ailleurs, que je situais dans les pays avoisinants, Corée, Vietnam, Thaïlande, tous à portée d’avion facile. C’était la vie des expatriés d’avant la pandémie.

Et finalement, cette menace, qui restreint mon horizon est bénéfique. Elle m’oblige à mieux explorer ma ville, à en débusquer des endroits cachés que je n’aurais peut-être pas explorés si je pouvais m’envoler pour un week-end hors du pays. Notons que dans les voyages organisés, les « grands tours de la Chine » font à peu près 20 jours dont 3 à 4 à Pékin, intégrant la Grande Muraille (quand on sait que le pays est l’équivalent de l’Europe, pas la peine de se moquer des Chinois qui passent 2 à 3 jours à Paris 🙂 ). Je n’ai pas eu encore assez de bien des week-end pour en faire le tour.

Alors dans mon temps libre, j’enfourche un vélo (骑自行车) ou je prends le métro (坐地铁) ou un bus (坐公共汽车) ou je vais à pied (走路) pour aller au devant de cette ville.

Après ce préambule, je vais vous faire part de mon vagabondage de la semaine dernière, je suis allée à l’ouest, à Xicheng (qui signifie littéralement l’ouest de la ville, ici c’est parfois très simple !), et j’ai découvert côte à côte, le long de la même rue, une cathédrale et un temple de toute beauté tous les deux. Juxtaposition improbable de lieux de culte.

L’Eglise du Sacré Coeur, inspirée par la Cathédrale de Reims, construite au XVIIIe siècle par les Jésuites dans la Cité Interdite, a été détruite et reconstruite à l’identique plus loin à la fin du XIXe siècle. Elle a été entièrement rénovée au tournant du XXIe siècle, d’où son apparence pimpante. La Chine abrite 70 millions de Catholiques, soit 5% de la population environ, qui ont leurs églises, leurs diocèses et leurs dignitaires religieux.

Après avoir passé la porte, accueillie par un garde chinois plein de malice, auquel il manquait quelques dents (maintenant que le port du masque s’est assoupli, je peux enfin voir des visages), j’ai été fascinée encore une fois par la capacité de ce peuple à recréer des atmosphères, même artificielles.

Le presbytère, on se croirait en Bretagne, non ?

Avec une propension au mélange des genres assez bienvenue, qui frôle certes parfois le un peu trop, mais pas pour moi, j’étais ravie… Sûrement que le beau ciel bleu y était pour quelque chose.

Une grotte artificielle directement inspirée de Lourdes, s’adossait à un environnement moderne éclectique, juxtaposition bizarre… Je dois dire que la conception chinoise n’est pas plus enthousiasmante que la conception française.

La Grotte et ses fidèles
Nous voilà presque en Angleterre
Intérieur en couleurs naturelles légèrement rehaussées
Les flèches encadrant un archange doré

En suivant la rue est-ouest où j’avais trouvé cette église j’ai croisé sur ma route le Temple des Anciens Monarques, construit au XVIe siècle (avec les précautions d’usage que vous connaissez, impossible de savoir ce qui est d’origine) ; ici étaient célébrés les empereurs des anciennes dynasties, par des sacrifices dont les édifices gardent ici la trace. Nous voyons ainsi au fur et à mesure de notre déambulation, l’édifice où étaient stockés les offrandes sacrificielles ou encore celui où étaient perpétués les sacrifices. Plus de 650 cérémonies rituelles ont été célébrées ici jusqu’au début du XIXe siècle, en vénération des différents empereurs.

J’ai croisé ici, dans ce beau temps de fin avril, des Chinois qui venaient accomplir leur dévotion. Le temple était imprégné de cette paix sur fond de ciel bleu et nous livrait des endroits de grande paix, à peine effleurée d’un souffle de vent.

Ancien et moderne
Difficile d’éviter les belles photos…
Shoot photo un peu incongru
Un des « fourneaux » où brûlait l’encens
L’accès au bâtiment principal rappelle les hérissements de pierre du Temple du Ciel
A l’intérieur, des autels avec des têtes d’animaux enrubannées, sûrement les victimes de l’ancien temps
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Or et rouge des célébrations mystérieuses
Solitude des bancs
Et comme un bout de Cité Interdite

Ces promenades sont comme des bonbons acidulés, de petits morceaux de plaisir absolu, surtout quand le temps est aussi beau. Je vais continuer à arpenter cette immense ville, avec vous j’espère !

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