Artiste peu connu en Europe de l’Ouest et découvert au gré du cheminement du Transsibérien, à Novossibirsk, à Ekaterinburg et à Moscou, Nicolas Roerich est un être hors du commun, difficile à classer dans nos typologies habituelles (sauf à le rapprocher d’un Léonard De Vinci ?).
Pluridisciplinaire, il a étudié la littérature, la philosophie, le droit et l’archéologie. Avant la Révolution de 1917, il fait partie des artistes reconnus, il dessine notamment les costumes des Ballets russes dirigés par Diaghilev à Paris (Le Sacre du Printemps, 1913, notamment). Au moment de la prise du pouvoir par les Bolsheviks, il croit pouvoir les influencer pour mettre en place une véritable politique culturelle, mais devant son échec, il décide de quitter la Russie pour la Finlande puis pour l’Angleterre et enfin en 1920 pour les Etats-Unis. En 1925, avec sa femme et son fils, il entreprend un voyage aventureux de cinq ans à travers la Russie, la Mongolie, le Tibet et l’Inde. En 1934/1935, il part dans une expédition similaire à la découverte de la Mandchourie et de la Mongolie, recueillant des herbes, des pierres et des artefacts dans les régions qu’il visite.
C’est un homme à la culture immense, qui croit à l’universalité des peuples ; il suscitera la fondation d’associations ayant pour but le rapprochement des cultures, entraînant dans son sillage des hommes politiques (Nehru, Wallace, Vice-Président des Etats-Unis) et des artistes (Ernest Hemingway, Charlie Chaplin). Il réussit en 1935 à faire signer par 21 nations du continent américain le « Roerich Pact » à la Maison Blanche, pour la préservation de la culture. Cela lui vaudra notamment trois nominations pour le Prix Nobel de la Paix.
C’est également un homme de spiritualité, qui s’intéresse aux religions d’Orient, influence palpable dans ses peintures.
Il a laissé des milliers de toiles, dont les quelques unes que j’ai pu voir lors de mon récent voyage en Russie. Et j’ai eu un vrai coup de coeur devant leur limpidité et leur évidence. En apparence simples, elles dégagent une vraie force brute, en même temps qu’une délicatesse dans les nuances, ce qui leur donne un vrai équilibre.
Voici d’abord une série de montagnes, principalement dans l’Himalaya, saisies comme sur le vif dans une subtile palette colorée qui restitue les différentes lumières du jour. Explosion de teintes qui rend hommage à l’immuabilité tellurique de ces formes géantes et en restitue le caractère sacré.
Et puis ces toiles toujours ancrées dans la nature, où l’homme et ses édifices se font souvent minimes dans les décors majestueux qui les entourent. Les thèmes sont le plus souvent mystiques, comme pour renforcer une communion spirituelle entre nature et humanité.

Alexandre Nevski (1942)

Le chemin (1944)

Monastère en hiver (1942)

Victoire (1942)

Idoles (1943)
Une très belle découverte.
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